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Août 2, 2023 - Coups de coeur    No Comments

Coup de foudre d’écritures – Chapitre 2 : Apes O’Clock, À L’Aube du tumulte

Pour nommer cet article, j’ai longuement hésité entre coup de foudre d’écriture ou coup de foudre artistique tant l’univers d’Apes O’Clock (AOC) dépasse tellement leurs mots. Il est tellement plus riche qu’un simple exercice littéraire que je ne voulais pas me cantonner à une dithyrambique déclaration d’amour à leurs textes. Oui, les plumes des grands singes sont des merveilles à chérir, mais j’ai ressenti le besoin d’aller creuser un peu plus loin que la technicité de leurs verbes acérés…

Chanteur et bassiste à Brest le 18 juin 2023
« We accept you one of us« 

Et puis, je me suis rappelé que je ne suis pas musicienne, que je n’officie qu’avec plumes et pinceaux, alors pourquoi tergiverser ? Parlons écritures, imaginaires, sources d’inspiration et révolte. Approchez, soyez les bienvenu.e.s dans l’univers d’une richesse incontestable des tumultueux dandys punk d’Apes O’Clock. Ça tombe bien, ils viennent de sortir un deuxième album. 🦍

Les deux chanteurs envoûtant le public, Brest le 18 juin 2023
« Voodoo Queen, mon amour…« 

À L’Aube du tumulte

Dans la continuité de leur premier album Le spectacle continue (2019), ce second opus, À L’Aube du tumulte, explore la vanité de l’humanité, ses travers, ses vices, ses massacres, l’effondrement d’un système voué à l’échec. Le tout pourrait offrir un rendu dépressif à souhait si les artistes n’avaient pas teinté d’un son énergique et entraînant leurs textes, rendant le tout festif et dansant. Envolées par une musique percutante aux arrangements qui induisent un soupçon de féerie obscure et mystérieuse, les paroles sombres, révoltées, véhémentes semblent beaucoup plus lumineuses et légères à l’oreille. Voilà déjà une mise en garde sur les apparences trompeuses qui parfument le cabaret désenchanté d’Apes O’Clock. La recette est bien plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord et au-delà de la révolte, c’est bien là, pour moi, la thématique de leur univers : ne pas se fier aux apparences. 

Les deux chanteurs à Brest le 18 juin 2023
Un moment de calme…

Une révolte sourde, un cocktail détonnant

Entends-tu la clameur des foules qui s’éveillent ?
Entends-tu le murmure des esclaves qui se révoltent ?
Entends-tu la rumeur des bêtes qui se soulèvent ?
Entends-tu le pas tonitruant de la Marge franchir le seuil de la société ?
Entends-tu le bourdonnement du tumulte qui souffle sur nos vies ?
C’est celui de notre Terre qui saigne et agonise… 

Section cuivre du groupe à Pont-Scorff au Festival Saumon le 9 juillet 2023.
La tumultueuse section cuivre

Apes O’Clock, c’est pour moi une réminiscence de mes amours adolescentes, un cocktail savoureux des musiques de mes années 90 (pour faire une moyenne)…
Prenez la fougue et l’énergie de Silmarils, le cabaret punk des Dresden Dolls (cherchez l’intrus des 90’s), le flow percutant d’Assassin, la révolte incisive des Béruriers Noirs (oups encore un intrus).
Saupoudrez le tout, mais avec parcimonie, de la folie épicée des Tétines Noires 🖤 (rappelez-vous ce groupe déjanté mené par le chanteur Emmanuel Hubaut dont le pied de micro est le plasticien Made in Eric, nu ; d’ailleurs il expose, avec d’autres artistes, à la galerie Fab Lab, à Paris en ce moment – Le langage du corps – Collection agnès b. 9 juin au 22 octobre 2023).
Distillez ces saveurs dans un alambic ancestral.
Brassez avec vos convictions profondes anti-oppressions, vos revendications sociales et sociétales.
Ajoutez une pincée de désespoir climatique et de hurlement bestial.
Laissez fermenter quelques mois dans des ténèbres abyssales et vous recevrez dans votre boîte aux lettres la nouvelle décoction foudroyante proposée par les tempétueux primates rennais d’Apes O’Clock et qui fait Boum Baff dans ta face ! C’était comment déjà ? Ah oui :
« On veut du boum baff, du son qui décrasse
Du boum baff, qui te secoue la carcasse
On veut du boum baff, un refrain tenace
Qui tape dans ta tête, qui fait boum dans ta face »*
Mission accomplie ! 

Embrasser sa part d’obscurité

Commençons par découvrir la Marge, la couche licencieuse de la société. Franchirez-vous son pas pour effleurer la noirceur des bas-fonds ? C’est comme pénétrer l’enfer d’une bibliothèque, tout peut arriver. Êtes-vous prêt.e.s ? 

Le Cabotin en concert - Pont-Scorff - Festival Saumon le 9 juillet 2023.
Lorsque Le Cabotin ôte son masque, sa personnalité se dédouble
La cour des miracles

Ne vous laissez pas séduire par ses faux airs d’Arsène Lupin, Le Cabotin, bien que charmant, n’est pas là pour résoudre les mystères de l’Histoire de France en offrant des fleurs aux femmes qu’il séduit sur sa route. La même arrogance se cache derrière ses traits, le même panache, la même sagacité, la même aversion pour la pudibonde bourgeoisie. Certes.

Mais ce Cabotin à la lame aussi affûtée que son verbe semble plutôt tout droit sorti d’un conte de Charles Dickens ou du roman Les Misérables de Victor Hugo (dont Le Cabotin partage le patronyme) plutôt que de l’imaginaire de Maurice Leblanc. Il est prêt à vous poignarder dans le dos, sans aucun doute. Personnage sillonnant les rues, à la marge de la société, il pourrait sévir du côté de Whitechapel et s’allier à Hans Peter Von Barrik pour fomenter des plans de domination du monde capitaliste pour le faire chuter. Des têtes vont sauter… 

Photo en concert du deuxième chanteur d'Apes O'Clock à Pont-Scorff au Festival Saumon le 9 juillet 2023.
Quelle facette du Cabotin êtes-vous prêt.e.s à rencontrer ?

D’ailleurs, en parlant de ce cher Hans Peter Von Barrik, cet ingénieux savant alchimiste qui mélange les saveurs sensuelles et éthyliques, qui concocte des breuvages liquoreux pour éveiller vos papilles et endormir vos pupilles, il y a chez lui, le nez de Jean-Baptiste Grenouille et la folie perverse des droogies d’Orange Mécanique. Autant de personnages dont je préférerais éviter les chemins. Il n’est pas bon pour le quidam de croiser le passage de la Marge. C’est comme croiser celle d’une chasse sauvage, la rencontre est bien souvent fatale… pourtant, ces personnalités réveillent les pulsions animales qui sommeillent en chacun de nous et nous étirent presque un sourire sardonique qui ferait pâlir celui de G.N.A.R.K.

Hans Peter Von Barrik en concert - à Pont-Scorff au Festival Saumon le 9 juillet 2023.
L’alchimiste des saveurs éthyliques et sensuelles vous accueille dans son antre…
Freaks, la monstrueuse parade

La musique qui propulse les vers de Hans Peter Von Barrik est teintée du lyrisme des cuivres et nous emporte dans les draps de tous ces freaks, dissimulées à la lisière de la société, qui déboulent de L’Entresort d’AOC et paradent pour nous faire frissonner par leurs différences. Entrez M’sieurs, Dames, Miz, Transgenres, Agenres, Neutres et Non-Binaires, entrez tel.le.s que vous êtes, gooba gabba, gooble gobble, we accept you…

Bassiste en transe, Brest, 18 juin 2023
Un peu de basse funky…

Moi, ce titre me rappelle « Freaks » des Tétines Noires et le film du même nom de Tod Browning avec l’incroyable Schlitzie ! Rappelez-vous ce film… Même X-Files lui rend hommage dans la saison 2 grâce aux performances des artistes du Jim Rose’s Circus.
Et tout ce qui touche à cet univers de foire aux monstres me séduit depuis des lustres… peut-être parce que je me suis toujours sentie hors de ce monde.
Le public trépigne, mais doit bien se tenir, la parade est là… et elle déploie ses ailes de géante qui ne l’empêchent pas de marcher. Elle s’affirme. Et gare à celle/celui qui cherche à duper le monstre, rappelez-vous comment finit l’acrobate Cléopâtre… 

Guitariste en mode percussif à côté du batteur, à Pont-Scorff au Festival Saumon le 9 juillet 2023.
Percussions sur le titre Rouge

Les titres Ocieux, je suis et Odieux, je nuis concluent l’album comme les deux facettes d’une même pièce jetée de façon désinvolte à un gredin (pour faire soft) déguisé en mendiant. L’ode à l’oisiveté du jour et l’ode à la bestialité de la nuit enrobées de la délicatesse d’une plume sensuelle.

À l’image du personnage double de Robert Louis Stevenson, à l’image aussi de la binarité de la société ambiante, ces deux morceaux sont comme un appel à embrasser sa part obscure pour définitivement être soi et s’exposer au monde tout en authenticité. Il n’y a pas d’obscurité sans lumière et… inversement. 

Je me délecte des textes. Deux titres aux vers complexes et magistralement interprétés, je suis subjuguée par le flow du chanteur dont la langue ne fourche pas en live. 

En fond de scène, le trompettiste et le guitariste s'adonnent à un moment musical intime à Pont-Scorff au Festival Saumon le 9 juillet 2023.
Moment intimiste entre le trompettiste et le guitariste

Diptyque (j’ai pas dit dytique) qui n’est pas sans rappeler le titre qui ouvre ce second album : Kong. Qui est le King ? Qui est le Kong ? Qui renversera la fange qui domine le monde ? Ce titre s’inspire de l’imagerie du célèbre singe géant (sur l’album, l’image du singe est présente dans 4 morceaux sur 11 si je ne me trompe pas) pour questionner sur la réelle place de roi dans nos sociétés. Qui est en haut du building ? Qui nous assiège ? Qui tombera ? En prime, le morceau offre une tonitruante ouverture à l’album ! Allez ! Boum baff ! Dans ta face ! 

Guitariste et trompettiste affublés d'un masque de gorille pour l'interprétation du morceau Kong Brest, les beaux dimanches, 18 juin 2023
« We are Kong !« 

Un imaginaire révolté

Des contes de fée pour croquer la société…

La Marge croise aussi parfois le chemin des contes de fée. C’est ainsi qu’ils étaient autrefois contés. C’est ainsi que les ancêtres prévenaient les enfants des dangers de la vie. C’est ainsi que s’effondre le conte de fée des États capitalistes dévorant la substance, l’essence du Vivant pour faire miroiter une vie meilleure sur les ruines d’un monde qui s’effondre… Il était une fois les ruines d’une société qui s’était dévorée elle-même… Les cendres d’une dernière orgie gargantuesque se dispersent dans le vent sous les yeux de la populace enivrée par le mythe de la croissance infinie, avide de posséder, flouée par les mensonges de voleurs patentés.
Quitte à faire un lien avec un autre titre : « Aux douleurs qui résonnent, l’homme avide reste sourd »**… 

Deuxième chanteur et guitariste à Brest 18 juin 2023
« on l’a bouffée comme un p’tit snack »

Ici, si je devais analyser le texte, comme à la bonne époque des commentaires composés (oh je suis sûre que ça vous manque), je mentionnerais que les champs lexicaux littéraires du conte de fée et de l’opulente bectance sont goulument exploités. 
Un morceau succulent à déguster du bout des lèvres, pour en savourer la saveur sur la langue, à s’en faire pétiller les papilles. Diantre, il titille le palais.

Couverture de l'album À L'Aube du tumulte du groupe Apes O'Clock
Couverture du deuxième album d’Apes O’Clock signée Simon Douchy

Petite aparté sur le clip proposé pour Il était une fois que je trouve graphiquement classe et efficace. Tout en silhouette 2D. L’image sert la musique et les paroles. Juste parfait.
Tout comme le graphisme de l’album, signé Simon Douchy, qui sert l’ambiance musicale. Tout est bien pensé, soigné. Les grands singes sont mis à l’honneur et le groupe œuvre pour le roi Kong qui trône sur son siège de géant. 

Tromboniste du groupe
Climate justice!

Et dans la continuité de la destruction de notre environnement, je vous présente le titre Faux Frères, lettre du dernier primate à son cousin Homo sapiens sapiens… celui qui est dit intelligent, celui de l’anthropocène, celui qui détruit et oublie qu’il est lui-même une facette du Vivant, qu’il fait partie de lui et qu’il n’est pas meilleur. Juste un grain de sable parmi d’autres. Si petit, si insignifiant et pourtant si destructeur… quelle bonne idée ce titre ! Quelle bonne idée d’exprimer la détresse du monde animal par cette missive éplorée ! Mon cœur se brise par empathie pour ce dernier primate à la plume désespérée. 

Le batteur, Brest, 18 juin 2023
Un rythme endiablé
Ridiculiser l’oppresseur

G.N.A.R.K. et Get it se moquent des oppresseurs représentés d’un côté par les gouvernants à la solde du capitalisme et de l’autre par le chien du gardien du zoo, personnifiant la bassesse de son maître, et ce maître encore plus dominant que le cabot. Des deux côtés, il est question de tourner en ridicule les symboles d’oppression de nos sociétés occidentales qui nous acculent, nous étouffent, nous détruisent. En musique, les opprimés pourront-ils se libérer de l’oppression ? Et comment ne pas avoir le palpitant qui se déchire d’entendre l’oppresseur-chien lui-même opprimé par l’oppresseur-gardien bien plus dominant que lui, alors que le canidé, inspiré par la danse du primate, souhaite se libérer de cette dynamique maître/esclave… sans succès. La pyramide d’oppression s’établit en fonction de la puissance de l’être… encore et toujours… quelle que soit la strate de la société à laquelle on appartient. 
Et pour parler technique, ici aussi, mon âme de poétesse s’embrase pour les différentes allitérations qui ponctuent le texte et rythment la diction des deux chanteurs. Un régal. 

Deuxième Chanteur du groupe, Brest le 18 juin 2023
Se moquer des oppresseurs
La hargne des Bérus

Le morceau Le Temps des récoltes fontionne en miroir avec La Mauvaise graine (issu du premier EP #1 From Jungle to Downtown – 2015). Les titres se répondent avec près de 8 ans d’écart avec une ambiance similaire. La graine semée a germé, a crû. La composition musicale et la hargne du texte évoquent toujours celles des Béruriers Noirs, à la fin des années 80… 

En 1789, les aristos sont tombés pour que les bourgeois prennent leur place. En 1989, l’Olympia. Porcherie, Petite agitée… Rappelez-vous « plus jamais de 20 % ». Triste monde raciste. Shame on my people. À chaque élection, des larmes de déception. 

Guitariste à la banière
Le temps des récoltes

L’ambiance sociétale demeure la même (s’empire !) et ces titres fouillent les révoltes silencieuses qui nous habitent et qui grondent jusqu’à nous dévorer. L’escalade de la violence contemporaine promet un bain de sang similaire à celui de la Révolution et qui semble de plus en plus inévitable. Ami.e sens-tu la Terre trembler ? C’est les prémices de l’éruption d’un volcan contenu, compressé, opprimé depuis des dizaines d’années.
Ce n’est pas pour rien qu’un groupe comme Silmarils fait son revival ces derniers temps ; ces gars-là manquaient indubitablement à la scène rock française. 

Deuxième chanteur, Pont-Scorff, le 9 juillet 2023
« Aux douleurs qui résonnent, l’homme avide reste sourd »

Et pour parler musique…

Un jeu de calques astucieux

Énorme coup de cœur pour les arrangements subtils, le travail des chœurs qui donne une sacrée profondeur de champs, ainsi que pour les enchaînements créatifs entre les chansons qui donnent des bouffées d’oxygène à l’ensemble de ces 11 titres denses ! Ce jeu de calques offre à l’album diverses strates qui se superposent et à effeuiller pour s’immerger dans le monde simiesque des Rennais. On parcourt À L’Aube du tumulte comme une foire de monstres et les délicates transitions sont d’une fluidité enivrante au point où j’aimerais que la visite ne se termine jamais, la porte d’un nouveau chapiteau est à portée de main… mais 45 minutes, c’est déjà un bel et long album. Alors savourons ce que l’on a avant d’en réclamer davantage. 

Le trompettiste aux chœurs
Un peu de douceur…

Un ovni musical 

Bien que ponctué d’un lyrisme littéraire indéniable, l’univers du groupe ne dépasse pas les limites de l’exubérance excessive. Chaque titre a sa propre personnalité, sa propre orientation musicale. Des breaks bien placés, de la douceur là où il faut, du gros son de guitare heavy lorsque c’est nécessaire, une basse funky, un batteur qui fournit un rythme qui sent parfois le soufre et des cuivres qui énergisent le tout. Apes O’Clock construit un véritable entresort sonore qui les place dans le rayon des groupes inclassables, à la marge de l’industrie musicale, comme Les Tétines Noires, The Dresden Dolls

Et moi j’aime sans limites ces Ovnis qui osent… 

Apes O’Clock est donc pour moi un énorme coup de foudre artistique qui nourrira mon imaginaire pendant des lustres indénombrables sacrifiés sur l’autel de la créativité (on en reparle dans un épisode Hors Série sur Le Jardin des Délices pour la Samain le 31 octobre, en autres). 

Chanteur leader à Brest le 18 juin 2023
Un ovni musical…

Et en live ça donne quoi ?

Qu’elle soit étroite ou spacieuse, la scène est leur demeure et les planches brûlent sous leur poésie percutante et audacieuse. Ma première vraie expérience avec AOC date d’il y a un an, aux mardis de Maxent (35), en plein mois d’août. Il paraîtrait que je les ai déjà vus, plusieurs années plus tôt en mode déambulation au même endroit, mais pardonnez mon esprit encombré des vapeurs d’un traitement soporifique, je n’ai de ce concert aucun véritable souvenir, à part l’image d’une fanfare sympathique. 🙈🙉🙊

Tromboniste, saxophoniste et trompettiste du groupe, Brest le 18 juin 2023
« La section cuivre la plus sexy de tout le grand-ouest…« 

Et donc, en août 2022, je me prends une claque d’enfer et peine de ma timidité exemplaire à remercier le groupe de sa performance à la fin du concert… Depuis, je les ai revus plusieurs fois et à chaque date, la même énergie émulatrice s’empare de ma créativité. 

Forts d’un nouveau spectacle d’1h30 travaillé en résidence au printemps dernier, les trublions simiesques vous ouvrent les portes d’un cabaret fantastiquement farfelu. La fougue des deux chanteurs est communicative. Ils se font ambianceurs et n’ont pas peur d’aller à la rencontre du public, qui peut parfois paraître hésitant, pour enivrer les spectateurs de leur verbe cinglant. Mention spéciale pour les cuivres qui enrobent le tout de la suave chaleur du Bayou (Marie Laveau, Voodoo Queen forever ❤).

Guitariste et deuxième chanteur à l'harmonica - à Pont-Scorff au Festival Saumon le 9 juillet 2023.
Apes O’Clock vous emmène dans le Bayou à la rencontre de Marie Laveau

Chaque membre du groupe a un charisme détonnant et l’interprétation de chaque morceau est ciselée (j’allais dire à la perfection, mais on va encore m’appeler dithyrambe). Et vous voilà, pour le restant de l’éternité, envoûté.e.s. Sautez sur l’occasion de les voir en concert, le cocktail est savoureux et vous serez charmé.e.s par ces sorciers sortis d’une autre réalité. 

Allez, on se rejoint de l’autre côté du rideau, le spectacle y continue… ✊

Salit final à Brest le 18 juin 2023
Le spectacle continue…

« Tous aux barricades
Barrons le droit chemin
Fini de suivre dociles
On n’est pas des pantins
Tous aux barricades
Mauvaise graine en chemin
D’autres routes sont possibles
Marchons vers demain »
« La Mauvaise Graine », EP #1 From Jungle to downtown, 2015 

Dates des prochains concerts
Apes O’Clock est à retrouver sur scène

Informations complémentaires (non exhaustives) 

  • * « Boum Baff », Le spectacle continue, 2019
  • ** « Get it », À L’Aube du tumulte, 2023

Sitographie

Discographie

Clips

Live sessions

Pour aller plus loin…

Album, stickers, badges et poster du deuxième album
Package déballé du financement participatif du deuxième album
Avr 10, 2023 - Coups de coeur    No Comments

Coups de foudre d’écritures – Chapitre 1 : Rodrigue, À Fuck toute, À Love toute/Nouvelles de l’Entre-Mondes et Intenable, Envier les Vivants

Namaste les Dévoreureuses de Mondes,
Coups de foudre d’écritures… Non, il ne s’agit pas là d’écritures saintes, même si, bien évidemment, on pourrait considérer l’acte de créer, quel que soit l’art, comme un acte lié à la divinité et au sacré. Le nombre d’interrogations qui peuvent exister sur la muse, l’inspiration, le puits à créativité commun montrent que de tout temps, la créativité, l’art a intrigué l’être humain. Mais je m’égare, comme d’habitude.

Il est des écritures qui génèrent l’émulation, l’envie d’une bataille de plumes… Je vous partage ici, deux plumes (Rodrigue, Intenable) qui m’ont mise en mouvement, dans un moment où je m’effondrais et m’éloignais de moi-même. Je pense que le fait que ce soit l’écriture de musiciens qui m’interpelle vient du fait qu’en chanson, on se doit d’être précis et direct (encore plus dans le punk où rares sont les morceaux qui dépassent 3 min/3 min 30). Souvent les textes sont courts, avec peu de mots vous devez offrir du sens, un morceau d’âme. Et c’est une écriture qui me fait défaut aujourd’hui. Même pour le Jardin des Délices. Ma plume divague, digresse.

L’émulation : quand les plumes me remuent et me remplument

J’avais besoin d’un coup de foudre (oubliez le sens amoureux du terme, je parle d’électrisation, d’électrochoc et de l’émulation, chère à mon âme, qui en découle) pour me remettre en selle, ça ne change pas. C’est peut-être la soif de dopamine qui m’appelle ou les retrouvailles avec un Idéal. Peu importe. Et, selon les époques, le style d’écriture qui me percute est différent. Je vous parle de quelque chose d’assez intime et puissant et qui transcende ma façon de créer, qui me bouscule et me permet d’aller au-delà des limites que je me pose (et qu’on se pose tous) – ces fameuses pensées limitantes qui encombrent nos perceptions de nous-même et nous empêchent souvent d’avancer, de croire en nos capacités, nos rêves, nos idéaux. Je ne vous apprends rien, n’est-ce pas ? Et je parle assez souvent des murs que je percute et qui me claustrent (façon imagée de parler de mes propres limites virtuelles) dans les fleurs que je cultive dans Le Jardin des Délices (podcast créatif) : « Le Mur invisible », « Camaïeu de gris », « Impostrice », « Une Petite Boîte » (en ligne le 19 mai)… il y en aura d’autres.

Le Jardin des Délices

En parlant du Jardin, j’ai enregistré tous les derniers textes postés en novembre 2022, mis à part « Don’t Give up », que j’ai écrit et posté en janvier, et le dernier sera posté le 20 avril, il s’appelle « Une Faim de loup ».
Depuis, aucun texte ne s’était réellement finalisé, je m’inquiétais, me torturais, me disais que j’allais clore ce chapitre botanique malgré les retours positifs, encourageants et chaleureux (Merci ! 🙏💜). Et ça me brisait le cœur. Je me disais que si un seul de mes textes permettait de toucher une personne, une seule, et de l’accompagner dans sa solitude, alors mon travail était accompli. Il ne fallait donc pas que je lâche ces fleurs qui se développent et réclament leurs sœurs.
Au fond de moi, je sens une morsure profonde lorsque je pense à ce Jardin des Délices. Ce podcast revêt une dimension mystique pour moi parce que ses textes sont parfois incontrôlés et incontrôlables. Une force intérieure me ronge et m’oblige à les écrire, quitte à en perdre le sommeil. Ils sont souvent de l’ordre de la génération spontanée. Par moment, j’entends même une voix qui me les dicte, c’est pour vous dire. C’est ce qui se passe en ce moment. C’est aussi ce que j’exprime dans l’épisode intitulé « D’où viennent les mots ? ». Oui, c’est mystique, et alors ? Et magiquement, l’émulation m’a rattrapée la semaine dernière grâce à une nouvelle plume rencontrée. Vive les insomnies !

Bref, j’étais là pour vous parler de mes coups de foudre d’écritures.

À Fuck toute, À Love toute/Nouvelles de l’Entre-Mondes, Rodrigue

Un album. Un livre. Les deux versants de l’écriture percutante de Rodrigue. C’est une plume qui me fascine depuis près de deux cents lunaisons. Elle est ciselée. Elle est authentique. Elle est pulsionnelle et passionnelle. Rodrigue, c’est un artiste qui ose sortir hors de lui-même pour explorer le monde, les styles et les univers. Écorché, il étale ses plaies à peine cicatrisées. Elles suintent encore. Pas de tabous, pas de peurs. Et moi qui m’effraie de certains mots et de leurs significations sans savoir vraiment pourquoi, sa plume m’hypnotise. M’ensorcelle. Parfois, je la suivrais « N’importe où ! N’importe où pourvu que ce soit hors de ce monde* ! » Elle est un mélange de Kaa et de Méduse. Elle est à la fois corruptrice et séductrice et cela transparaît dans ses mots. Plume sensuelle. Sexuelle. Qui attise l’âme.
« Atteinte à l’intégrité d’un cadavre » est sans doute, pour moi, actuellement, l’un des morceaux (en plus il est engagé !) les plus aboutis de l’artiste, dans l’écriture et dans la (dé)construction musicale qui grimpe en crescendo, comme une pleine jouissance du monde et de la société capitaliste. Sauf que, c’est plus compliqué que ça… Je vous laisse découvrir le texte, la chanson. L’expérience émotionnelle vaut mieux que cent mots.
Je pense aussi au morceau « Cicatrice » envoûtant, enivrant. La plume entaille la chair. Et le rythme du titre accentue l’émotion exacerbée ressentie via les maux (non ce n’est pas une fautte d’ortografe, ni un lapsus, mais bien un jeu de… maux – hum). Il s’agit là de vivre ses blessures, de les partager et de respirer les souffrances engendrées. Rodrigue me donne l’impression d’extirper hors de lui un monstre qui le dévore de l’intérieur et qu’il essaie d’étouffer depuis… depuis… le reste de la phrase lui appartient.


L’écriture est exaltée, lyrique, y compris dans son recueil de nouvelles, Nouvelles de L’Entre-Mondes, où son imaginaire débridé nous régale. La mise en abyme du narrateur est un véritable délice et les personnages qui ponctuent les récits sont à la fois attachants, colorés, imprévisibles. Tout peut arriver. De page en page, on ne cesse d’être charmé.e.
Et sur l’album, lorsque j’entends « Monseigneur l’hiver », je frissonne d’effroi. Les mots sont d’une justesse implacable pour ce morceau engagé sur la thématique du « Je ne savais pas, je n’ai pas vu, je n’ai fait que ce qu’on m’a demandé » et qui teinte de sang nos sociétés depuis des lustres à coups de sacrifices humains 💔. Ce titre est arrangé comme un conte de Noël teinté Tim Burton. L’horreur dans un écrin de douceur.
À Fuck toute, À Love toute, transpire également la résilience, cette force intérieure qui nous permet de résister, de rebondir et de se relever des ruptures existentielles, des traumas, des souffrances physiques et psychiques. La vie nous percute, mais les ressources accumulées par les années servent de substrat riche à l’épanouissement de l’âme et du cœur.
La plume multiforme de Rodrigue m’exaspère autant qu’elle m’inspire. Elle me défie. Grâce à elle, j’ai appris à oser, à moins avoir peur, à dépasser mes limites, à sortir de ma zone de confort. Merci 🙏.

Envier les Vivants, Intenable

On sort du registre rock indé, pour entrer dans le punk-rock. Le son des guitares est beaucoup plus saturé, puissant et l’énergie plus bondissante. La musique véhicule la rage d’exister. Toutefois, et c’est là que le charme opère, Intenable possède une délicatesse dans la façon d’écrire ses textes qui sublime les affres de la vie de l’être humain. Je ne sais par quelle magie l’auteur procède, mais il glisse de la douceur et de la subtilité dans un style qui n’y est pas habitué d’ordinaire (je dis bien d’ordinaire, il y a toujours des exceptions). Ici, la fluidité des mots surfe sur la fluidité des maux, tout en finesse et les multiples douleurs (mort, maladie, souffrance psychique…) sont transcendées grâce à l’énergie débordante du groupe et de sa musique. L’une complète l’autre et réunifie la vie.
Je connaissais uniquement (ou presque) le morceau « Ma Solitude » (que j’affectionne particulièrement du fait de la justesse émotionnelle ressentie) issue de leur premier album, La Cour des grands, avant de les revoir en concert à Vannes, dernièrement, et j’ai apprécié d’être happée par l’énergie scénique du groupe et leur gentillesse. La douceur et la bienveillance, c’est important dans cette société brutale ! Oui, oui.

Sur l’album Envier les Vivants, les titres « Ensemble, en cendres » et « Mer morte » m’ont à la fois brisé le cœur et remplie d’amour. Ce sont de vrais crève-cœurs, mais on est guidé.e tout le long du chemin, on n’est pas isolé.e ni abandonné.e sur le bord de la route. Un ami vous prend la main pour vous soutenir, pour partager votre souffrance. Une bulle de compassion dans laquelle j’ai aimé me lover, malgré sa tristesse.
Réminiscences douloureuses du passé, évidemment, mais je ne me sens pas seule. Et c’est là l’universalité des histoires les plus personnelles. Elles réchauffent les cœurs meurtris. Nous partageons toustes les mêmes histoires.
Et moi, cette écriture, je n’y arrive pas. C’est trop intime, c’est trop personnel, c’est trop… souffrant. Ça bloque à l’intérieur, là, au niveau du plexus, du cœur et ça remonte dans la gorge. Ma plume se paralyse, se glace. Alors, je reste dans le flou, l’éthéré, l’abstrait. Ces deux textes, j’aurais aimé avoir été capable de les écrire… Oui, il y a une légère pointe de jalousie, j’avoue, parce qu’il m’est compliqué de sortir de cette zone de confort-ci.

Si vous avez un peu de temps, mais que vous ne voulez pas écouter l’intégralité de l’album, allez jeter une oreille au morceau « Le Portrait de Marcel », une ode aux anonymes travailleureuses de l’ombre, les invisibles, les petites mains essentielles à la société et méprisées, piétinées par les élites. Ce titre est peut-être un peu moins déclenchant émotionnellement que les deux autres précédemment cités, mais c’est une pépite entêtante… une pépite d’empathie. Et la justesse des mots choisis me fascine. La plume est précise, percutante, fluide. À elle seule, cette chanson montre une partie de l’étendue des capacités du groupe Intenable en matière de musique et de paroles. Comme le titre « L’époque ».
Envier les Vivants est un album riche et mélodique, magnifique graphiquement grâce aux sublimes dessins de A.Przynierska. Ils accompagnent tellement bien l’ambiance de l’album. Les multiples chœurs (Membres du groupe ou chorale) offrent une touche apaisante aux rythmes punk-rock, comme des bouffées d’oxygène qui redonnent vie pendant une crise d’angoisse, une dépression.
Mêler subtilité, émotions vives, douceur, bienveillance, compassion, empathie et considérations sociales, dans un seul et même texte, n’est pas aisé à accomplir, et pourtant la poésie d’Intenable réussit à tenir la route sur la longueur et elle leur permet de construire un album équilibré, pertinant et (af)fûté. Respect.

Un exutoire

Rodrigue est dévoré, Intenable est becqueté…
Qui souffre de la morsure de l’Ogre-Vie ?
Pas de préférence, pas d’échelle, pas de jugements.
Moi j’me pétrifie dans ma petite boîte.
Alors que je n’ai cité que quelques textes, ma plume, différente, tremble et tache d’encre ma vie…
Et vous, quel rapport vous entretenez avec l’écriture des autres ?

L’écriture est une forme d’exutoire. Elle permet de s’affranchir des règles, d’oser là où la vie, la morale ne nous le permet pas. Et lorsque le travail est effectué intelligemment avec une poésie affûtée, avec bienveillance et compassion, alors les émotions passent sans force. Dans la souffrance et dans l’amour partagés, les doux mots des maux nous emportent en tourbillon infini, des instants suspendus, hors du temps, on effleure l’éternité.

Si vous avez l’occasion, allez voir ces artistes en concert, ça vaut le détour.

Et d’ici là, rappelez-vous, vous n’êtes pas seul.e.s 🙏💜.
J.

Informations complémentaires non exhaustives

Bibliographie

Musicographie

Sitographie

Intenable
Le Jardin des délices
Rodrigue

Pour aller plus loin

Live

Clips

Hier, j’ai voulu reprendre ce blog

La B’Stiol Triyi déguisée en savant fou – © Kisa 2017

La B’Stiol Triyi déguisée en savant fou – © Kisa 2017

Sérieusement, un blog ?

Ouais, ça ne sert probablement plus à rien un blog, mais j’m’en fous ^^
Un eXutoire (j’adore mettre des X majuscules au milieu des mots, ne me demandez pas pourquoi… et non, rien avoir avec le porno !), voilà ce qu’est d’abord ce blog.
Je ne prête pas toujours attention à la forme, au style, à ma plume. J’écris ici en langage parlé et ça me va très bien parce que j’ai juste envie de cracher sur l’ordi des coups de cœur, de gueule, de blues et de les partager avec le monde, parce que je pense sincèrement, qu’un ressenti, quel qu’il soit, n’est pas aussi personnel et anodin qu’on veut bien nous le faire croire. Il peut aussi faire du bien à celui qui le lit.
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Août 31, 2015 - Bribes de vies    No Comments

Hier, j’ai abandonné ma plume et je me suis encore perdue

Le Labyrinthe de la Psyché : L'Adolescence V.2 - © Jessie Chevin  (photo et installation)

Le Labyrinthe de la Psyché : L’Adolescence V.2 –
© Jessie Chevin (photo et installation)

Hier, j’ai abandonné ma plume et je me suis encore perdue

Je déteste me concentrer sur un projet lorsque j’ai peu de temps à lui consacrer, pour m’y atteler vraiment, je déteste que ma session de travail se transforme en mini sessions de quelques minutes. Je trouve la phase de concentration sur le projet pénible, du coup, 30 minutes grappillées de temps à autre pour travailler, ça m’exaspère. Read more »