Avr 10, 2023 - Coups de coeur    No Comments

Coups de foudre d’écritures – Chapitre 1

Namaste les Dévoreureuses de Mondes,
Coups de foudre d’écritures… Non, il ne s’agit pas là d’écritures saintes, même si, bien évidemment, on pourrait considérer l’acte de créer, quel que soit l’art, comme un acte lié à la divinité et au sacré. Le nombre d’interrogations qui peuvent exister sur la muse, l’inspiration, le puits à créativité commun montrent que de tout temps, la créativité, l’art a intrigué l’être humain. Mais je m’égare, comme d’habitude.

Il est des écritures qui génèrent l’émulation, l’envie d’une bataille de plumes… Je vous partage ici, deux plumes (Rodrigue, Intenable) qui m’ont mise en mouvement, dans un moment où je m’effondrais et m’éloignais de moi-même. Je pense que le fait que ce soit l’écriture de musiciens qui m’interpelle vient du fait qu’en chanson, on se doit d’être précis et direct (encore plus dans le punk où rares sont les morceaux qui dépassent 3 min/3 min 30). Souvent les textes sont courts, avec peu de mots vous devez offrir du sens, un morceau d’âme. Et c’est une écriture qui me fait défaut aujourd’hui. Même pour le Jardin des Délices. Ma plume divague, digresse.

L’émulation : quand les plumes me remuent et me remplument

J’avais besoin d’un coup de foudre (oubliez le sens amoureux du terme, je parle d’électrisation, d’électrochoc et de l’émulation, chère à mon âme, qui en découle) pour me remettre en selle, ça ne change pas. C’est peut-être la soif de dopamine qui m’appelle ou les retrouvailles avec un Idéal. Peu importe. Et, selon les époques, le style d’écriture qui me percute est différent. Je vous parle de quelque chose d’assez intime et puissant et qui transcende ma façon de créer, qui me bouscule et me permet d’aller au-delà des limites que je me pose (et qu’on se pose tous) – ces fameuses pensées limitantes qui encombrent nos perceptions de nous-même et nous empêchent souvent d’avancer, de croire en nos capacités, nos rêves, nos idéaux. Je ne vous apprends rien, n’est-ce pas ? Et je parle assez souvent des murs que je percute et qui me claustrent (façon imagée de parler de mes propres limites virtuelles) dans les fleurs que je cultive dans Le Jardin des Délices (podcast créatif) : « Le Mur invisible », « Camaïeu de gris », « Impostrice », « Une Petite Boîte » (en ligne le 19 mai)… il y en aura d’autres.

Le Jardin des Délices

En parlant du Jardin, j’ai enregistré tous les derniers textes postés en novembre 2022, mis à part « Don’t Give up », que j’ai écrit et posté en janvier, et le dernier sera posté le 20 avril, il s’appelle « Une Faim de loup ».
Depuis, aucun texte ne s’était réellement finalisé, je m’inquiétais, me torturais, me disais que j’allais clore ce chapitre botanique malgré les retours positifs, encourageants et chaleureux (Merci ! 🙏💜). Et ça me brisait le cœur. Je me disais que si un seul de mes textes permettait de toucher une personne, une seule, et de l’accompagner dans sa solitude, alors mon travail était accompli. Il ne fallait donc pas que je lâche ces fleurs qui se développent et réclament leurs sœurs.
Au fond de moi, je sens une morsure profonde lorsque je pense à ce Jardin des Délices. Ce podcast revêt une dimension mystique pour moi parce que ses textes sont parfois incontrôlés et incontrôlables. Une force intérieure me ronge et m’oblige à les écrire, quitte à en perdre le sommeil. Ils sont souvent de l’ordre de la génération spontanée. Par moment, j’entends même une voix qui me les dicte, c’est pour vous dire. C’est ce qui se passe en ce moment. C’est aussi ce que j’exprime dans l’épisode intitulé « D’où viennent les mots ? ». Oui, c’est mystique, et alors ? Et magiquement, l’émulation m’a rattrapée la semaine dernière grâce à une nouvelle plume rencontrée. Vive les insomnies !

Bref, j’étais là pour vous parler de mes coups de foudre d’écritures.

À Fuck toute, À Love toute/Nouvelles de l’Entre-Mondes, Rodrigue

Un album. Un livre. Les deux versants de l’écriture percutante de Rodrigue. C’est une plume qui me fascine depuis près de deux cents lunaisons. Elle est ciselée. Elle est authentique. Elle est pulsionnelle et passionnelle. Rodrigue, c’est un artiste qui ose sortir hors de lui-même pour explorer le monde, les styles et les univers. Écorché, il étale ses plaies à peine cicatrisées. Elles suintent encore. Pas de tabous, pas de peurs. Et moi qui m’effraie de certains mots et de leurs significations sans savoir vraiment pourquoi, sa plume m’hypnotise. M’ensorcelle. Parfois, je la suivrais « N’importe où ! N’importe où pourvu que ce soit hors de ce monde* ! » Elle est un mélange de Kaa et de Méduse. Elle est à la fois corruptrice et séductrice et cela transparaît dans ses mots. Plume sensuelle. Sexuelle. Qui attise l’âme.
« Atteinte à l’intégrité d’un cadavre » est sans doute, pour moi, actuellement, l’un des morceaux (en plus il est engagé !) les plus aboutis de l’artiste, dans l’écriture et dans la (dé)construction musicale qui grimpe en crescendo, comme une pleine jouissance du monde et de la société capitaliste. Sauf que, c’est plus compliqué que ça… Je vous laisse découvrir le texte, la chanson. L’expérience émotionnelle vaut mieux que cent mots.
Je pense aussi au morceau « Cicatrice » envoûtant, enivrant. La plume entaille la chair. Et le rythme du titre accentue l’émotion exacerbée ressentie via les maux (non ce n’est pas une fautte d’ortografe, ni un lapsus, mais bien un jeu de… maux – hum). Il s’agit là de vivre ses blessures, de les partager et de respirer les souffrances engendrées. Rodrigue me donne l’impression d’extirper hors de lui un monstre qui le dévore de l’intérieur et qu’il essaie d’étouffer depuis… depuis… le reste de la phrase lui appartient.


L’écriture est exaltée, lyrique, y compris dans son recueil de nouvelles, Nouvelles de L’Entre-Mondes, où son imaginaire débridé nous régale. La mise en abyme du narrateur est un véritable délice et les personnages qui ponctuent les récits sont à la fois attachants, colorés, imprévisibles. Tout peut arriver. De page en page, on ne cesse d’être charmé.e.
Et sur l’album, lorsque j’entends « Monseigneur l’hiver », je frissonne d’effroi. Les mots sont d’une justesse implacable pour ce morceau engagé sur la thématique du « Je ne savais pas, je n’ai pas vu, je n’ai fait que ce qu’on m’a demandé » et qui teinte de sang nos sociétés depuis des lustres à coups de sacrifices humains 💔. Ce titre est arrangé comme un conte de Noël teinté Tim Burton. L’horreur dans un écrin de douceur.
À Fuck toute, À Love toute, transpire également la résilience, cette force intérieure qui nous permet de résister, de rebondir et de se relever des ruptures existentielles, des traumas, des souffrances physiques et psychiques. La vie nous percute, mais les ressources accumulées par les années servent de substrat riche à l’épanouissement de l’âme et du cœur.
La plume multiforme de Rodrigue m’exaspère autant qu’elle m’inspire. Elle me défie. Grâce à elle, j’ai appris à oser, à moins avoir peur, à dépasser mes limites, à sortir de ma zone de confort. Merci 🙏.

Envier les Vivants, Intenable

On sort du registre rock indé, pour entrer dans le punk-rock. Le son des guitares est beaucoup plus saturé, puissant et l’énergie plus bondissante. La musique véhicule la rage d’exister. Toutefois, et c’est là que le charme opère, Intenable possède une délicatesse dans la façon d’écrire ses textes qui sublime les affres de la vie de l’être humain. Je ne sais par quelle magie l’auteur procède, mais il glisse de la douceur et de la subtilité dans un style qui n’y est pas habitué d’ordinaire (je dis bien d’ordinaire, il y a toujours des exceptions). Ici, la fluidité des mots surfe sur la fluidité des maux, tout en finesse et les multiples douleurs (mort, maladie, souffrance psychique…) sont transcendées grâce à l’énergie débordante du groupe et de sa musique. L’une complète l’autre et réunifie la vie.
Je connaissais uniquement (ou presque) le morceau « Ma Solitude » (que j’affectionne particulièrement du fait de la justesse émotionnelle ressentie) issue de leur premier album, La Cour des grands, avant de les revoir en concert à Vannes, dernièrement, et j’ai apprécié d’être happée par l’énergie scénique du groupe et leur gentillesse. La douceur et la bienveillance, c’est important dans cette société brutale ! Oui, oui.

Sur l’album Envier les Vivants, les titres « Ensemble, en cendres » et « Mer morte » m’ont à la fois brisé le cœur et remplie d’amour. Ce sont de vrais crève-cœurs, mais on est guidé.e tout le long du chemin, on n’est pas isolé.e ni abandonné.e sur le bord de la route. Un ami vous prend la main pour vous soutenir, pour partager votre souffrance. Une bulle de compassion dans laquelle j’ai aimé me lover, malgré sa tristesse.
Réminiscences douloureuses du passé, évidemment, mais je ne me sens pas seule. Et c’est là l’universalité des histoires les plus personnelles. Elles réchauffent les cœurs meurtris. Nous partageons toustes les mêmes histoires.
Et moi, cette écriture, je n’y arrive pas. C’est trop intime, c’est trop personnel, c’est trop… souffrant. Ça bloque à l’intérieur, là, au niveau du plexus, du cœur et ça remonte dans la gorge. Ma plume se paralyse, se glace. Alors, je reste dans le flou, l’éthéré, l’abstrait. Ces deux textes, j’aurais aimé avoir été capable de les écrire… Oui, il y a une légère pointe de jalousie, j’avoue, parce qu’il m’est compliqué de sortir de cette zone de confort-ci.

Si vous avez un peu de temps, mais que vous ne voulez pas écouter l’intégralité de l’album, allez jeter une oreille au morceau « Le Portrait de Marcel », une ode aux anonymes travailleureuses de l’ombre, les invisibles, les petites mains essentielles à la société et méprisées, piétinées par les élites. Ce titre est peut-être un peu moins déclenchant émotionnellement que les deux autres précédemment cités, mais c’est une pépite entêtante… une pépite d’empathie. Et la justesse des mots choisis me fascine. La plume est précise, percutante, fluide. À elle seule, cette chanson montre une partie de l’étendue des capacités du groupe Intenable en matière de musique et de paroles. Comme le titre « L’époque ».
Envier les Vivants est un album riche et mélodique, magnifique graphiquement grâce aux sublimes dessins de A.Przynierska. Ils accompagnent tellement bien l’ambiance de l’album. Les multiples chœurs (Membres du groupe ou chorale) offrent une touche apaisante aux rythmes punk-rock, comme des bouffées d’oxygène qui redonnent vie pendant une crise d’angoisse, une dépression.
Mêler subtilité, émotions vives, douceur, bienveillance, compassion, empathie et considérations sociales, dans un seul et même texte, n’est pas aisé à accomplir, et pourtant la poésie d’Intenable réussit à tenir la route sur la longueur et elle leur permet de construire un album équilibré, pertinant et (af)fûté. Respect.

Un exutoire

Rodrigue est dévoré, Intenable est becqueté…
Qui souffre de la morsure de l’Ogre-Vie ?
Pas de préférence, pas d’échelle, pas de jugements.
Moi j’me pétrifie dans ma petite boîte.
Alors que je n’ai cité que quelques textes, ma plume, différente, tremble et tache d’encre ma vie…
Et vous, quel rapport vous entretenez avec l’écriture des autres ?

L’écriture est une forme d’exutoire. Elle permet de s’affranchir des règles, d’oser là où la vie, la morale ne nous le permet pas. Et lorsque le travail est effectué intelligemment avec une poésie affûtée, avec bienveillance et compassion, alors les émotions passent sans force. Dans la souffrance et dans l’amour partagés, les doux mots des maux nous emportent en tourbillon infini, des instants suspendus, hors du temps, on effleure l’éternité.

Si vous avez l’occasion, allez voir ces artistes en concert, ça vaut le détour.

Et d’ici là, rappelez-vous, vous n’êtes pas seul.e.s 🙏💜.
J.

Informations complémentaires non exhaustives

Bibliographie

Musicographie

Sitographie

Intenable
Le Jardin des délices
Rodrigue

Pour aller plus loin

Live

Clips
Fév 6, 2023 - Bribes de vies    No Comments

Don’t give up

Reprendre un blog, après plusieurs mois, voire plusieurs années d’absence.
Me mettre la pression avec des challenges personnels, professionnels, scolaires, universitaires à accomplir.
Être submergée par la quantité d’idées qui fusent dans tous les sens.
Ne pas respecter mes propres délais fixés et mes propres limites physiques, psychologiques, émotionnelles, sensorielles, relationnelles.
Péter les plombs de frustration, m’en vouloir de ne pas savoir/pouvoir me prioriser, d’avoir oublier mon essence, mon chemin de vie, ce qui me tient à cœur.
Arrêter de me morfondre, me recentrer sur moi et croire à nouveau en moi.
Ne pas abandonner, malgré les chutes, les échecs et les affres de la vie. Les expériences.
Alors, reprendre l’écriture, un blog, la création…
Ne jamais abandonner.

Ne jamais abandonner…

Ce sont les mots qui sont sortis tout seul, il y a quelques mois, presque un an alors que je m’étais fixée d’écrire un article de blog, de reprendre mes écrits en main et de m’y tenir au moins quelques temps. Un article tous les premiers quartiers de lune (même si on est le lendemain de la pleine et que je n’ai pas tenu mes propres délais)… Pourquoi pas, c’est plus light qu’un article par semaine, ça me met moins la pression. Écrire sans contrainte de thématique, sans ligne éditoriale et livrer un échantillon de ma vie d’autrice, d’écrivaillonne en arbres comme j’aime à m’appeler. C’est ma marque, c’est comme ça. Et dans ma tête, malgré les critiques reçues, cette expression n’a jamais été négative. Elle est juste moi. Riche en ramifications. Arborescence plurielle.

Retrouver la voie de soi, de sa créativité, de son écriture…

Quoi qu’on en dise, ce n’est pas toujours une question de vouloir, parfois il s’agit d’une vraie question de pouvoir. L’expression galvaudée du « quand on veut, on peut » m’exaspère au plus au point. Celleux qui la lancent, souvent comme une pique, à certains procrastinateurices, en les toisant de haut, d’un air condescendant, en grands détenteurices de la vérité, ne savent pas combien il est parfois très frustrant, d’avoir la motivation, de savoir ce qu’il y a à faire et de ne pas réussir à se mettre en mouvement. C’est un véritable malaise intérieur que d’avoir envie, réellement envie de faire quelque chose et d’avoir le cerveau qui s’embourbe pour se mettre au travail. Tout n’est que distraction, tout n’est que difficulté, tout est confus, tout est urgent, prioritaire, et tout brûle jusqu’à bouillir dans chaque cellule. Et c’est l’explosion. Plus rien n’est alors possible. C’est une impasse. Comme pétrifié, tout devient extrêmement compliqué et on se noie alors dans une mélancolie, un spleen des temps productifs, sans comprendre ce qui se passe. Anxiété…

« Et pourquoi les mots ne sortent plus ? Pourquoi je n’arrive même plus à faire la cuisine sans être submergée par toutes les étapes d’une recette ? Pourquoi tous ces autres y arrivent elleux et pas moi ? »

Oui, dans ces cas-là, parfois, ouvrir un tiroir pour prendre un couteau et éplucher une racine cabossée est une chose des plus insurmontables. Un océan se dresse entre le début et la fin de la tâche qui paraît beaucoup trop complexe. C’est comme si mon cerveau était claustré dans une cellule sans issue. C’est comme un pont suspendu sur lequel il manquerait des dizaines et des dizaines de planches ; il serait plus facile de compter les planches qui sont présentes… Merci Jessica McCabe de la chaîne YouTube How to ADHD pour cette image vraiment parlante(lien de l’épisode, ici). Je vous conseille cette chaîne, elle est précieuse (lien de la chaîne, ici).

La surcharge cognitive

Demain sera un jour meilleur. Demain je saurai organiser ma journée, je saurai même faire la recette la plus complexe sans sourciller. Aujourd’hui, mon cerveau a besoin de repos.
Eh oui, parfois, c’est pour ça que moi je procrastine. Parce que parfois, imprimer un document, c’est une tâche insurmontable et me provoque des crises d’anxiété dont vous n’avez pas idée. Et demain, je me trouverai ridicule d’avoir autant paniqué pour tâche aussi simple… L’auto-jugement est souvent sévère.
Alors demain, si l’envie vous vient de taquiner un proche d’un « quand on veut, on peut », rappelez-vous que tout ne se situe pas dans le « vouloir » et que chacun fait ce qu’il peut avec ce qu’il est. Comme vous d’ailleurs. Et qu’en fait, en psychologie, le fait de se sentir submergé par tout ce qu’on a à faire, par nos pensées et d’avoir le cerveau qui se pétrifie, ça un nom : la surcharge cognitive.

J’ai écrit cette article en mai 2022, je le reprends aujourd’hui et quelle n’est pas ma surprise de voir que je sors difficilement d’une nouvelle phase du même type et c’est ma neuropsychologue qui m’a donné le nom de mon état du moment : surcharge cognitive. J’ai répété mon schéma, alors que depuis je m’étais équilibrée. Je vous épargne les raisons de cette surcharge cognitive, mais les stress émotionnel, administratif, professionnel, artistique, créatif, universitaire, personnel, logistique se sont tous abattus d’un coup sur mes circonvolutions cérébrales.
Surcharge cognitive…

Cette expression grossière qui met en prison mon cerveau et qui joue sur l’estime de moi-même en me notifiant mon auto-déception. Ouais, la phrase est lourde, pardonnez à mon cerveau étriqué qui étouffe dans sa cage. Un bol d’air, voilà ce qu’il lui faut. De l’air, de la nature, de la marche. Un retour au corps… Et que je prenne soin de moi pour retrouver ma lumière intérieure et c’est à ça que j’ai passé mon mois de janvier (ça aussi ça devient répétitif, je penserai à partir en vacances en janvier, les prochaines années).

Don’t give up, Bright Lights, Imbolc et le retour de la lumière

Alors, pour contrebalancer cette noirceur ambiante chère au mis du, les mois noirs en breton, je vous souhaite à tous de trouver la lueur au fin fond de vos ténèbres, celle qui vous fait tenir le coup, vous accrocher à votre résilience, celle qui peut croître si on la nourrit ardemment. En ce début février, chez les celtes, on fête Imbolc, le retour de la lumière. C’est le pendant lumineux à la Samain, l’entrée dans les mois noirs. Et cette année, comme de plus en plus chaque année, nous avons besoin de lueurs pour éclairer nos chemins intérieurs et explorer l’obscurité. Dompter nos ombres, les apprivoiser, conjuguer avec elles pour les mettre en lumière et les accepter. Vivre avec elles en pleine conscience sans se laisser submerger par elles.

Je termine cet article avec un extrait du Jardin des Délices (en lien, ici), mon podcast créatif. Il s’agit du premier épisode de l’année 2023, celui que j’ai publié en guise de vœux, si je puis dire. Il se nomme « Don’t give up », comme le titre de cet article.
Voici :
« Je vous souhaite de trouver cette lueur, ce guide, cette lumière qui illuminera votre vie, de vous en saisir et de ne plus la lâcher.
Oui, don’t give up, comme le disent les anglo-saxons. C’est, depuis 2022, mon mantra en janvier, ce mois noir, en Brocéliande, où la nuit, goulûment, dévore encore le jour…
Ne pas abandonner. Croire en nos rêves, les laisser nous happer, nous élever, nous enlever à la violence inouïe de notre incarnation dans cette société à la morosité ambiante pour nous sublimer et offrir en échange une nouvelle étincelle d’espoir.
Croire en notre lumière, la laisser nous envahir intimement jusqu’à ce qu’elle pénètre nos plus infimes parcelles… corporelles… énergétiques.
Écouter le Jimini-Criquet sur notre épaule, avoir foi en lui, il sait ce que notre cœur, notre corps et notre âme réclament.
Oui, Je vous souhaite de trouver cette lueur, ce guide, cette lumière qui illuminera votre vie, de vous en saisir et de ne plus la lâcher.
Jamais. »

À bientôt pour un nouvel épisode de mes boire et déboires…

Nov 15, 2022 - Coups de coeur    No Comments

Placebo + Jehnny Beth – Le Liberté – Rennes – 14 novembre 2022

Namaste les Dévoreureuses de Mondes, 

Vous n’aurez pas de photos. J’ai décidé de respecter la volonté des artistes et de passer le concert à profiter de l’instant, de la musique, des émotions, des énergies puissantes générées par la communion, le partage, la transcendance. 

On a oublié comment on profitait de la musique il y a vingt ans et c’était la meilleure des façons : essayer de porter les artistes pour qu’ils puissent donner le meilleur d’elleux-mêmes. Elle est là la réalité de l’échange entre celleux qui sont sur scène et celleux qui les acclament, elleux aussi ont parfois besoin d’être tenu.e.s par la main, d’être soutenu.e.s, pour s’élever, pour pouvoir faire face à un public exigeant, pour pouvoir donner le meilleur d’elleux-mêmes, pour pouvoir faire leur métier avec passion et illuminer vos yeux, vos vies.

Et j’avoue que j’ai pris un vrai plaisir à assister à un concert avec très peu de téléphones. Et c’est une ancienne photographe de concert qui vous parle…

Jehnny Beth, la fureur de vivre

Le Liberté n’était clairement pas prêt pour Jehnny Beth…

Jouant avec les sonorités indus à la Nine Inch Nails (pas étonnant, l’animatrice d’Arte a bossé sur son premier album avec Atticus Ross, collaborateur de Trent Reznor), le trio a dû aller chercher le public pour en soulever un semblant de clameur. La meneuse, Jehnny Beth, fait pourtant le taff : sensuelle, charismatique et dynamique, elle n’a pas peur de rentrer en contact avec le public en grimpant sur les barrières pour être au plus de près de la chaleur humaine. 

Personnellement, j’avais écouté sur YouTube, je n’étais pas emballée (chacun ses goûts), mais le personnage m’ayant intriguée je suis aller fouiller et me suis abonnée sur les réseaux. J’ai été envoûtée par sa douceur et sa culture underground et j’ai finalement eu hâte de la voir sur scène. J’ai été conquise, elle m’a donné ma dose d’indus, et ça faisait longtemps que je n’avais pas reçu un bon gros son. La suite de la soirée n’allait pas me décevoir niveau gros son.

Merci à Jehnny Beth pour cette percutante ouverture. 

Placebo, la parfaite transcendance 

Alors que les techniciens s’affairent sur scène pour préparer le plateau, J’entends de la musique et des mantras récités. Je cherche d’où provient le son et je suis incapable de savoir si les mantras viennent du public ou des enceintes. Ou de ma tête… 😆 Moi j’aime les mantras (en particulier l’un d’entre eux), alors je me sens à ma place, je m’apaise et je souris. Je sens que je vais voyager.

Parce qu’à l’origine, c’était pas gagné. J’étais sceptique. Comme dit dans un autre article, j’avais arrêté d’écouter Placebo aux alentours des années 2003. Je ne m’y retrouvais plus. Et je dois dire que je me suis réconciliée avec le groupe dès le premier morceau. Exit l’arrogance des débuts, je retrouve un groupe qui s’est épanoui dans sa plume, sa musique et son attitude et c’est très touchant.

Une belle complicité lie les membres du groupe (le duo Brian Molko et Stefan Olsdal d’une part, mais également les musiciens qui les accompagnent : Angela Chan, William Lloyd, Nicolas Gavrilovic, Matt Lunn). 

Le son est puissant, la batterie tabasse, la musique ensorcèle (oui, en digne résidente de Brocéliande, il faut bien que je saupoudre de la magie quelque part), et l’énergie envoyée est profonde, transcendantale.

Les sourires illuminent le visage des musiciens, il y a un vrai plaisir à retrouver la scène et ça se sent. La crise Covid intensifie sans doute le plaisir. 

Les britanniques occupent également l’espace et vont chercher le public. Pas besoin de mots, les gestes sont éloquents et seule la musique suffit. À celleux qui reprochent à Brian Molko de ne pas parler, je répondrai : « il est là pour vous faire voyager avec sa musique, pas avec ses interventions entre les morceaux ». Il est probablement là le message que transmet aujourd’hui le groupe Placebo : la musique seule suffit. 

La communication, la communion passent également par les gestes, les émotions et l’énergie, il suffit de s’ouvrir, d’observer le monde d’un regard différent pour accepter qu’on peut communier en fermant les yeux et en se fondant à l’instant. 

Parler, c’est parfois uniquement flatter l’ego du public et ils ne sont pas là pour ça.

Les paroles deviennent vaines, là ne réside pas l’esSENStiel, la racine de l’art, l’essence de la création. 

Retrouver l’ESSENCE de la musique, je pense que c’est exactement ce que Brian Molko et Stefan Olsdal, accompagnés de leurs acolytes, ont fait ce lundi soir au Liberté, à Rennes. 

Ils m’ont enchantée, je n’ai plus qu’à retrouver Merlin dans ma forêt pour continuer le voyage. 

« Soyez digne d’un don, pas dingue d’un dû. » Maëster 

Aujourd’hui, j’avais envie de nourrir un egregor positif plutôt que de laisser s’exprimer de façon décomplexée l’ego d’un public exigeant la soumission totale de l’artiste – je visualise bien des crocodiles à l’affût de leurs proies. Je trouve les critiques haineuses, égoïstes de plus en plus fréquentes et elles me déchirent le cœur. 

Non, les artistes ne vous doivent pas tout. Ils ne sont pas là non plus pour satisfaire chacun des egos présents dans la salle ou l’assistance. C’est fondamentalement impossible. 

Non, les artistes ne vous appartiennent pas. Jusqu’à preuve du contraire, ils sont encore libres de choisir ce qu’ils veulent vous transmettre. 

Non, les artistes n’ont pas besoin d’utiliser la communication verbale ou la parole articulée pour exprimer des émotions et entrer en communion avec leur public. 

Fermer les yeux,  profiter du moment, être ensemble. Accepter de voguer vers un ailleurs, un autre monde l’espace d’un instant. 

Oui, les artistes ont le droit d’être eux-mêmes sur scène sans avoir besoin de prononcer un mot à leur public, ils peuvent tourner le dos à l’audience, cacher leurs émotions, ou encore avoir perdu un proche, être malade et assurer quand même le show du soir… vous ne savez rien de leur vie. 

C’est au public d’être humble, de respecter sa place et de se souvenir qu’un artiste est un être humain que l’on doit respecter et qui vous donne de son temps, de son énergie, de son physique.

En concert, la musique seule devrait suffire… 

Et n’oubliez pas, lorsque vous achetez une place de concert, ce n’est pas uniquement les artistes qui sont sur scène que vous rémunérez, mais la production et toute son équipe, les chauffeureuses de camions et de tour bus, les technicien.ne.s qui montent et démontent le matériel, celleux qui assurent, son, images et lumières, le service de securité, celleux qui surveillent, celleux qui fouillent, celleux qui vous soignent, la location de la salle et tout son personnel, les accueillant.e.s, les ouvreureuses et les placeureuses, les équipes de nettoyages et j’en oublie tellement d’autres. Vous n’imaginez probablement pas le nombre de personnes qui travaillent dans l’ombre pour qu’un concert de ce type puisse avoir lieu. 

Restez zen, ouvrez votre cœur, entrez dans la bulle et accueillez le moment tel qui vous est offert, c’est la meilleure façon de franchir le pas de la transcendance et d’un autre monde. 🙏

Petit ajout du 23 novembre 2022 : Ma publication sur les réseaux sociaux en lien avec ce concert et avec de belles erreurs d’orthographe sur le mot égrégore… tout va bien ^^.

Retranscription des diapos :

Diapo 1 : Placebo + Jehnny Beth – Le Liberté – Rennes – 14 novembre 2022

Diapo 2 : Namaste les Dévoreureuses de Mondes,
Aujourd’hui, via un article, j’avais envie de nourrir un égrégore positif. Je lis beaucoup de commentaires négatifs sur l’attitude d’artistes sur scène. Et ce manque de respect me brise le cœur. Vous pouvez retrouver mon humble avis ici :https://bit.ly/3UWbogs
Mais en attendant, voici quelques réflexions…

Diapo 3 : À l’image de crocodiles à l’affût de leurs proies, certain.e.s fans décomplexé.e.s se lâchent dans des commentaires acerbes sur les réseaux. Pourtant…
Un.e artiste(ici musicien.ne) est un être humain comme un autre, iel ne vous doit rien, iel fait son métier de musicien.ne : Jouer de la musique.

Diapo 4 : La communication verbale articulée n’est pas la seule forme de communication, il suffit d’ouvrir son cœur pour accueillir l’être humain dans son intégralité et respecter son intégrité pour expérimenter ces formes de connexions avec l’autre.

Diapo 5 : En bon être humain, un.e artiste peut aussi avoir des soucis personnels et… the show must go on, parce que derrière sa performance, il y a une grosse machine à rémunérer. Faire preuve d’empathie et de compassion n’a jamais fait de mal à qui que ce soit.

Diapo 6 : Pour entrer en communion avec les zikos lors d’un concert, il faut aussi que le public y mette du sien, fasse un effort, et respecte celleux qui performent sur scène et je vous renvoie plus haut : Accueillir l’autre dans son intégralité et sans filtre.

Diapo 7 : Chacun a sa part à faire. Et le soutien est important pour tirer vers le haut l’énergie de la musique. Moi je visualise ça comme un portail vers un autre univers, accepter de franchir le sas, c’est entrer dans une autre dimension, plus grande et, comme le Tardis, cette dimension est plus grande à l’intérieur. 😊
(Il n’y a pas de smiley Tardis, et ça c’est nul)

Diapo 8 : Bref, tout ça pour dire que lundi soir, j’ai vu des artistes communiquer, chacun.e à leur façon avec le public et que la communion, la transcendance, est possible si le public y met un peu du sien. Pour moi, en tout cas, ça a fonctionné. Merci @placebo et Jehnny Beth pour ce que vous avez donné. 🙏🙏🙏

Diapo 9 : Ah oui, et une dernière chose : un concert avec peu de téléphones portables – je ne peux pas dire sans – c’est quand même vachement plus sympa.
Merci à vous de m’avoir lue.

Oct 8, 2022 - Coups de coeur, livres    1 Comment

Never let me go, Auprès de moi toujours, Placebo et Kazuo Ishiguro

Si vous me côtoyez, vous savez que, régulièrement, j’ai des lubies artistiques qui sont du genre monomaniaques, quitte à saouler mon entourage, même si je me contiens. Cette année, j’ai eu une phase Buffy, The Vampire Slayer qui a duré plus de deux mois, voire trois, d’ailleurs, j’en ai écrit un article que je n’ai jamais publié sur la censure des chaînes françaises, peut-être un jour… Mais ce n’est pas le sujet.
Puis, depuis le mois de juin, je suis retombée dans les bras accueillants (ou pas, c’est vous qui voyez) de Placebo.

Placebo, Never let me go

Never let me go, Placebo

J’avais mis de côté ce groupe au moment de leur quatrième album, Sleeping with ghosts parce que je ne me retrouvais plus dans leur musique ni dans l’arrogance de leur chanteur, alors j’ai mis de côté. Presque 20 ans… Pourtant, j’avais été bluffée par leur premier album éponyme, puis par Without you I’m nothing et Black market music m’avait bousculé par quelques titres extraordinaires. J’adorais leur côté hors norme, le jeu des genres, l’énergie de leur musique, leurs expérimentations, jusque l’année 2003.
Et en juin de cette année, je ne sais pas d’où c’est venu, j’ai ressenti comme un appel à réécouter leur musique. Oui, ça fait un peu mystique dit comme ça, mais je n’avais aucune raison de revenir vers eux à ce moment-là, je n’ai aucune explication. Dans ma tête, j’ai entendu leur musique, alors je me suis remise à écouter. J’avais besoin d’énergie pour sortir mon premier livre, La Légende de la Méduse, et leur musique me l’a offerte et continue de me l’offrir. Je pense que ce livre, celui qui arrive pour la fin de l’année et mon podcast créatif, le Jardin des Délices n’auraient jamais vu le jour sans cette pulsation énergétique.
Assez rapidement, j’ai appris que le groupe venait de sortir un nouvel album : Never let me go et j’ai été d’emblée conquise. Le groupe a évolué, et je me retrouve à nouveau dans leur choix musicaux et certains de leur textes. Cet album m’a littéralement avalée pendant plusieurs semaines. Il m’a scotchée, d’abord par sa richesse musicale, plutôt surprenante, mais aussi par ses textes singuliers, parfois complexes. Alors, aujourd’hui, Brian Molko prend moins la plume pour parler de sexe ou de drogues (quoique), oui, mais il aborde des sujets tout autant intéressants et qui me touchent particulièrement : l’éco-anxiété et le retour à la Terre (« Try better next time »), la surveillance accrue par les proches et moins proches, les médias, l’autorité… (« Surrounding by spies »), David Bowie, la mort et la violence policière (« Happy birthday in the sky »), le mal-être et l’envie de changer de vie, de disparaître (« The Prodigal », « Chemtrails », « Went Missing »)… Bref des choix d’actualité, pour quelqu’un qui se force à s’adapter à la vie dans une société occidentale bancale et malade et qui réveille l’éternelle question : pourquoi vouloir s’adapter à une société malade ? Qui est le plus malade ? Le marginal ou celui qui s’adapte à la société malade ?

Year Zero, Nine Inch Nails

Alors forcément, j’ai été envoûtée et je ne peux que vous conseiller de jeter une oreille attentive ne serait-ce qu’au morceau qui ouvre l’album, « Forever Chemical », à sa harpe (si je ne me trompe pas) distordue et à sa lourdeur indus. Clairement, à l’écoute de cet album, avec les clips, et le nouveau look du chanteur, j’ai eu une réminiscence de mes années Nine Inch Nails (« The perfect drug », pour le look et l’album concept Year Zero).
Véritable objet d’art, cet album a un artwork soigné, c’est d’autant plus rare de nos jours que ça mérite grandement d’être noté, et qui donne vraiment envie de posséder le disque. Et tout ça stimule mon esprit créatif et me donne envie de crier : « Art is resistance !« , comme toujours.

Kazuo Ishiguro, Auprès de moi toujours

Auprès de moi toujours, Kazuo Ishikuro

J’aime beaucoup les groupes qui poussent à la réflexion jusqu’à proposer des références littéraires (les livres, c’est ma vie, mon obsession, sans eux je ne suis rien). Donc, naturellement, en bonne curieuse qui se respecte, je vais creuser un peu et aller lire les références quand j’en ai l’occasion et surtout le temps. Là, j’avoue, le livre de Kazuo Ishiguro, Auprès de moi toujours…, m’a pris beaucoup plus de temps de lecture que prévu à cause d’un mois de septembre très chargé en réécriture. Pourtant, la lecture est d’une fluidité rare. Et j’adore les récits où la subtilité du fantastique (plutôt SF ici) vous emporte sans que vous ne vous en rendiez compte (mention spéciale à Mélanie Fazi dont les nouvelles fantastiques embrasent mon cœur et mon esprit à chaque lecture grâce à cette subtilité délicate, ainsi qu’au livre mémorable de Marlen Haushofer, Le Mur invisible). Mais nous embarquons d’abord, ici, dans une histoire d’amitié des plus réalistes que l’on suit par flashbacks. Les incursions dans le temps présent, laisse un goût amer qui ronge les entrailles. C’est plutôt étrange, parce que cette sensation est amenée par un seul mot : « don ». Là où on pourrait y voir quelque chose de débonnaire, il n’y a qu’illusion, douleur et sacrifice. On se doute, mais rien n’est expliqué avant la fin… Alors, je n’irai pas plus loin, je n’ai pas envie de vous gâcher le plaisir de la découverte via la lecture et le choc scénaristique. J’ai juste envie de parler de cette chanson qui hante le récit et qui a donné son nom à l’album de Placebo, « Never let me go », « Auprès de moi toujours » en français. Cette chanson entêtante. Celle qui vous rassure et que vous fredonnez pour vous réconforter. La chanson doudou. Elle devient presque un péché mignon qu’on se garde pour soi quand on est seul.e et dans laquelle on se love. On en a toustes de ces chansons-là. Elles n’ont pas besoin d’être extraordinairement originales, mais elle nous parle directement au cœur, cette énergie universelle qui nous traverse toustes. L’énergie la plus importante. L’énergie immuable.
J’ai mis tant de temps à lire ce livre qu’il m’a accompagnée comme un ami pendant plusieurs semaines et ses personnages me manquent. Il y avait longtemps que je n’avais pas eu le reading blues, tiens…
Et puis, cette chanson tisse un récit différent dans plusieurs esprits. Les protagonistes qui lui sont confrontés créent chacun une histoire différente en fonction des émotions liées à la chanson et c’est tellement merveilleux de pouvoir écrire un texte qui permet à chacun d’avoir sa propre rencontre avec les mots, avec son propre imaginaire. C’est un véritable aboutissement pour un parolier, je pense.

Art is resistance flag

Never let me go : le cri de tous les livres

Ce titre, « Never let me go », exprime autre chose pour moi qui suis depuis toujours fascinée par les livres. Il est lié à ma bibliothèque (certains parleront même de collection tant je les accumule et leur accorde d’importance dans ma vie). C’est le cri que je crois entendre dès que je fais du tri et plus particulièrement dès que j’essaie de vider ma bibliothèque. Chacun d’entre eux me hurle « Never let me go », traduction littérale : ne me laisse jamais partir. Comme s’ils avaient tous leur volonté propre et le désir de rester dans le carcan chaleureux de mes étagères. Auprès de moi toujours… Quand je me suis séparée de certains d’entre eux, je l’ai regretté. Et c’est le cri que moi je formule pour chacun d’entre eux. J’ai toujours dit qu’on m’enterrerait avec mes livres, les miens et ceux de ma bibliothèque. Ils sont mes compagnons, mes amis.
J’irai même encore plus loin en vous disant que ce cri, « Never let me go », est celui de toutes les créations (reconnues ou non), elles s’accrochent toutes aux doigts et au cœur de la personne qui lui a donné sa substance dans la matière pour l’offrir au monde. Tant d’heures passés pour lâcher prise… et let it go… l’offrir au monde.
Alors, elle ne nous appartient plus, elle est vôtre, elle est nôtre, elle est tout.

Art is resistance!

P.S. : Tu la sens poindre légèrement la fixette Nine Inch Nails, là ? 😀

Art is resistance

213. Le climat. Try better next time.

213. C’est le chiffre du jour.
213.
Je n’en reviens pas encore.

213 semaines que Greta Thunberg a commencé sa grève pour le climat*, qu’elle est sortie du système scolaire de son pays pour alerter la planète sur l’urgence climatique. Je hurle. À l’intérieur, je hurle. C’est comme ça que s’exprime ma souffrance et ma révolte, elle est représentée par un cri muet.

L’école n’est même pas un moyen de pression… 4 ans… fuck! Tant que ça ne touche pas l’économie, le pouvoir d’achat, ou sa petite personne, tout le monde s’en fout et ça me débecte. Je hurle en silence.

213 semaines, la liberté des uns s’arrêtent là où crèvent les autres.

Plus de 4 ans. Et j’ai l’impression que rien ne bouge là-haut. Oh pas dans les sphères célestes, il ne m’appartient pas de les juger, mais sur Terre, du côté de ceux qui siègent au sommet de la chaîne alimentaire (financière) et qui ne respire que le profit.

Je suis en colère. J’ai quelque chose en travers de la gorge qui m’étouffe depuis des semaines et des semaines et je n’arrive pas à mettre le doigt dessus. Je sais que je fais de l’éco-anxiété (en ce moment ça tourne plus au désespoir même), que je me terre régulièrement loin du monde pour ne pas subir les vagues de paniques diffusées par les médias, mais aussi celles de mon entourage, aussi positif se veut-il. Mais là, je n’en peux plus de lire les commentaires de ceux qui veulent profiter de la vie au dépend des autres. La liberté des uns s’arrêtent là où crèvent les autres (#fifa #worldcup2022 #qatar).

C’est exactement ce qui va se généraliser dans quelques années. Et n’allez pas vous focaliser sur 2050, même si la limite est proche. Étant donné l’été que nous avons eu en Europe (s’il n’y avait que l’Europe), on voit qu’on vit déjà dans ce réchauffement global. C’est déjà ce qui se passe.

Je vis en Brocéliande et même la forêt magique a partiellement brûlé pendant plusieurs jours. Où va-t-on quand la Bretagne, cette région soit-disant pluvieuse de France, se retrouve en vigilance sécheresse et voit ses arbres carboniser ? Et encore, nous ne sommes pas à plaindre. Les réfugiés climatiques ne devraient pas tarder à arriver. Si je vous dis que je suis en train d’essayer de me former pour pouvoir les accueillir, vous me croyez ?

213 semaines de grève pour le climat

Alors on pourra prétexter ce qu’on veut, le cycle de la Terre, celui du Soleil ou d’un autre astre sorti d’un chapeau de magicien ou du télescope James Webb (ses jolis clichés nous font tellement rêver d’un ailleurs utopique), mais dans le concret, il y a des gens qui meurent pour que d’autres puissent faire 3 fois le tour du globe en jet privé en 1 semaine (#bernardarnault – suivez le : https://twitter.com/laviondebernard) ou exploiter le sol de zones protégées (#total). Sans compter ceux qui brevettent les semences et les rendent stériles, comme nos sols (#bayer #mosanto). Est-ce que j’exagère ? Peut-être. Est-ce que j’ai des chiffres précis, je n’ai même pas envie de vérifier. Je sais qu’ils sont déjà bien au-delà de ce que j’exprime et pas parce que je suis catastrophiste, mais bien parce que je suis utopiste et espère chaque jour avoir ma dose de nouvelles qui illuminent ma vie et l’avenir.

Alors aujourd’hui, en voyant la photo hebdomadaire de Greta, j’ai compris. J’avais besoin de l’ouvrir, de ne plus contenir cette colère, mais de la laisser s’exprimer. Je ne suis pourtant pas une adepte des coups de gueule, j’aime plutôt les coups de foudre, plus bienveillants à mon âme compassionnelle. Mais j’ai juste envie de hurler ma souffrance, celle qui m’étrangle depuis des semaines et que j’essaie d’étouffer tant bien que mal. Et si ça vous dérange, tant pis. J’ai besoin d’extirper ce mal-être de ma gorge. Et vous n’êtes pas obligé de me lire.

La perfection n’existe pas

Tic tac, l’horloge tourne. L’anthropocène, ou comment l’être humain fait dégénérer le monde. Et chacun, avec ses gestes de colibris peut faire avancer l’horloge du climat dans le bon sens. Vous savez très bien quels sont ces gestes qu’on rechigne tous à faire, parce que c’est long et chiant : l’huile de palme, le soja pour nourrir les bestiaux qui vous (pas moi) nourriront (sans parler de la souffrance animale associée), le plastique, les déchets, les balades en avion, les balades en jet, le fast tourism, la fast fashion, la climatisation de stades dans une région désertique et caniculaire… pour ne citer qu’une partie de ce qui nous consume tous. On marche sur la tête et on va direct dans le mur.

Moi aussi, j’ai des progrès à faire, je le sais. Comme chacun d’entre nous. Personne n’est parfait. Mais comme le faisait remarquer il n’y a pas si longtemps encore Camille Étienne (@grainedepossible) « nous n’avons pas le temps d’être parfaits ! » Alors agissons, chacun à notre niveau, on peut tous faire quelque chose. Alors toi, oui toi, va ramasser les déchets qui volent sur ton trottoir, c’est encore la tâche la plus facile à faire entre toutes, tu éviteras peut-être à une tortue de se coincer les pattes dans un morceau de plastique.

213 semaines… Je rêve d’utopie : Try better next time.

Je rêve d’un monde respectueux. D’un retour à la terre. D’une vie naïve comme les peuples premiers. D’une vraie relation avec le Vivant. Respectueuse, bienveillante. Nous sommes une partie du Vivant. J’aime à m’imaginer plongeant mes mains dans les entrailles de la Terre et ressentant son cœur battre à la place du mien. Serais-je moins en colère ? Serais-je encore plus résiliente ? Qu’éprouverais-je devant mon hôte destructeur ?

Je rêve d’utopie. Je rêve de douceur et de bienveillance. Je rêve d’humanité (merci au planning familial pour sa belle campagne inclusive). Je rêve d’acceptation, de tolérance, de respect et de compassion.

Alors oui, il se peut qu’un jour, il nous pousse des nageoires et qu’on se retrouve à un endroit, loin d’ici, au milieu de l’océan.** Retour aux origines, dans le ventre de la Mère-Terre, Gaïa. On remet les pendules à zéro et on recommence, parce que, dans son immense mansuétude, elle nous aura accordé une seconde chance. On aura appris de nos erreurs et on formera un peuple soudé qui respecte ses scientifiques et ses lanceur.euse.s d’alerte. Un peuple d’amour dont le cri puissant et bienveillant raisonne l’être humain et le façonne à son image. Un peuple qui respecte le Vivant.

Oui, on fera mieux la prochaine fois**. C’est sûr, on fera mieux.

Pour ma part, je retourne à mes utopies, à mes histoires de dragons et d’enfant-double ainsi qu’à mon jardin (qu’il soit des délices ou riche en fruits et légumes).

Prenez soin de vous.

* School strike for climate, Skolsrejk för Klimatet – Merci Greta pour ton engagement incroyable qui me pousse à l’admiration.

** Texte librement adapté de la chanson « Try better next time » du groupe Placebo.
« There’s a spot in the ocean, that’s where we’ll meet,
Somewhere faraway where fish can nibble at our feet.
And we can grow fins, go back in the water,
Grow fins, go back in the water… »
« Try better next time », Never let me go, Placebo, 2022.

Juil 7, 2022 - livres    No Comments

Stupeur, ou le début de la police scientifique

Namaste les Dévoreureuses de Mondes,

Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler d’une lecture particulière et d’une maison d’édition que j’affectionne beaucoup. Oui, certain.e.s d’entre eux vous diront sûrement que je ne suis pas très objective, mais j’ai vraiment envie de mettre en avant le travail de ces éditrices de talent, parce qu’il me touche. Elles savent choisir des textes qui me parlent et m’intéressent.

Logo de Lucca Éditions

Lucca édition ou l’immersion dans la vulgarisation scientifique par l’imaginaire.

Oui, lier la littérature jeunesse et l’imaginaire à la vulgarisation scientifique, c’est possible, et quoi de mieux qu’apprendre en s’amusant. C’est un peu l’idée de cette maison d’édition de Lille et je suis à chaque fois en joie de découvrir leurs nouvelles publications même si, comme chacun.e, j’ai mes favoris et mes sciences préférées.
Alors non, il ne s’agit pas uniquement de sciences dures (mathématiques, physique…), les éditrices choisissent également des textes en relation avec les sciences humaines (histoire, anthropologie…) et cette variété de thématiques n’a d’égale que l’hétérogénéité des cibles de leurs publications : du lectorat jeune via des albums magnifiquement illustrés au young adult en passant par des romans plus courts dédiés aux lecteurices débutants. Et je ne vous parle même pas de la multiplicité des genres : science-fiction et space opera, policier, aventure s’y côtoient. De quoi satisfaire un large lectorat. Allez jeter un œil à leur catalogue, vous vous ferez vite un avis.

Stupeur, ou la découverte des balbutiements de la police scientifique au début du XXe siècle.

20220707 - Couverture du livre Stupeur par Julie Chibbaro

Résumé

Prudence Galewski, immigrée juive de 16 ans, s’ennuie à l’école de jeunes filles. Elle qui ne rêve que de sciences et s’interroge sur à peu près tout et, en particulier, sur cet agglomérat de petites choses qui nous constitue, les cellules. L’été dernier, elle a même confirmé ce rêve en devenant l’assistante de sa mère qui exerce en tant que sage-femme. À l’école de jeunes filles, elle n’y apprend qu’à devenir une future épouse ou, au mieux, une secrétaire, alors elle désespère. Mais les temps sont durs, l’argent se fait rare. Alors Prudence décide de chercher du travail et ça tombe bien, le poste idéal est à sa portée : assister Mr Soper, ingénieur sanitaire, qui enquête sur une étrange épidémie à Long Island.

Petite analyse

Ce livre nous propose une immersion dans l’investigation scientifique. Construit comme un polar, nous partons à la recherche du premier patient zéro de notre histoire : il contamine, mais n’est pas malade. Vous l’aurez compris, ce livre est basée sur une histoire vraie. La majorité des protagonistes ont réellement existé. Cependant, la création du personnage de Prudence offre à la narration une touche romanesque qui nous permet d’entrer au cœur de l’aventure. Nous y suivons ses questionnements d’adolescente hors-norme, qui ne colle pas au moule dans lequel une femme devrait être éduquée, surtout à cette époque, et le début de ses émois amoureux. Prudence est une héroïne à la fois intelligente, singulière et féministe, ce qui facilite l’entrée dans le roman.
Je n’aime pas vraiment la littérature jeunesse qui prend les enfants pour des abrutis, en simplifiant le style à outrance ou en censurant des éléments narratifs. En général, j’ai également du mal avec les récits à la première personne, ils sont de plus en plus fréquents et ce choix narratif, bien que facile d’accès pour la personne qui lit le récit, n’est pas toujours judicieux. Il donne parfois l’impression que l’auteurice saute sur la simplicité au lieu de réfléchir aux différents points de vue de l’histoire.
Pourtant, aucun souci pour ce livre. Avec Stupeur, j’ai pu constater que le travail de traduction est ciselé à la perfection. La plume de la traductrice rend vraiment hommage au travail de l’autrice : le jeu avec les temps est très intéressant et donne une véritable continuité chronologique au récit. Elle permet de visualiser parfaitement la jeune héroïne qui s’assoit le soir pour rédiger, raconter sa journée (au passé) et y ajouter ses analyses et questionnements (au présent). Cette temporalité rend réaliste notre façon de percevoir le monde, nos actions et nos interactions, parfois réflexes, et les interrogations qui peuvent surgir plus tard, lorsque nous avons le temps d’y réfléchir posément.
J’ai lu à plusieurs endroits sur le net, les réseaux ou dans divers commentaires, que la cohérence temporelle de ce récit était mauvaise, incompréhensible et j’en ai été fort surprise.
Parfois, je me demande ce que recherchent les lecteurices pour faire des commentaires incendiaires sur un style affûté d’une traduction qui honore le texte de l’autrice de la version originale.
Parfois, je me dis que les lecteurices recherchent de plus en plus la simplicité, comme s’iels allumaient leur télé le soir en mode lavage de cerveau et ça m’attriste, parce qu’à défaut de lectorat, c’est ce genre de très bonnes publications que l’on risque de voir disparaître.

Un bel objet

En plus de son excellent contenu, ce livre est un magnifique objet, garni d’une splendide couverture aux ornements dorés et d’illustrations très bien réalisées, ce qui n’est pas pour me déplaire, puisque j’aime autant regarder, toucher les livres que les lire (ou les sentir). Et les ressentir…

Vous l’aurez compris, Stupeur est une superbe publication de la maison d’édition Lucca Éditions, signée Julie Chibbaro et traduite par Hermine Hémon. Si vous vous intéressez au début des enquêtes scientifiques, c’est le roman policier historique qu’il vous faut.

Informations techniques

Autrice : Julie Chibbaro
Traductrice : Hermine Hémon
Illustrations : Jean-Marc Supervisée Sovak et Louis Diallo
Couverture : Noëmie Chevalier
Chez Lucca Éditions

N’hésitez pas à me dire en commentaires si vous avez aimé ce livre.
À bientôt pour de nouvelles aventures, d’ici là, prenez soin de vous.

Juin 22, 2022 - livres    No Comments

Faim avide – Livres émois 2

Namaste les Dévoreur.euse.s de Mondes,

Eh bien, nous y revoilà. Chaque année j’essaie de résister, chaque année j’essaie d’éviter au maximum ces lieux de débauches qui me séduisent et me happent totalement le porte-monnaie. Ben oui, il faut bien être honnête, la consommation de livres a un coût (tout est relatif) et bien que j’essaie de la limiter, je finis toujours pas craquer sur une histoire passionnante lorsque je mets les pieds dans une librairie, un salon du livres ou pire, une foire aux livres. Je vous le disais dans l’article « Livres émois » : même les médiathèques sont démoniaques pour moi puisque remplies de serpents tentateurs. Imaginez un banquet, un buffet à volonté de mets que vous raffolez et gratuits (ou presque)… Comment résister ? Moi je ne peux pas.

Et s’il n’y avait que ces lieux ! Le web regorge de livres de seconde main qui n’attendent qu’une seule chose : être adoptés pour se lover dans le creux douillet d’une étagère accueillante.

Soupirs…

Je ne me contrôlerai donc jamais…

Un début d’année raisonnable

C’est toujours lui qui profite des livres en premier

L’année avait pourtant bien commencé avec une résolution de plus et l’objectif de lire beaucoup plus que je n’achète, dix fois plus… hum. Sans commentaire. Janvier, février passent et je tiens le coup. Et puis Mars débarque, suivi d’avril et surtout de mai et juin. Voilà quatre mois inoubliables pour mon compte bancaire, surtout les deux derniers ! Mais laissez-moi vous expliquez à quel point je suis incapable de tenir cette fichue résolution…

Les deux premiers mois de cette année, j’ai su prendre le temps de réfléchir avant chaque achat au point que j’ai réussi, par trois fois, à entrer dans une librairie et à en ressortir les mains vides. Si vous me connaissiez, vous sauriez que c’est un exploit, notamment parce que j’ai l’impression de décevoir le/la libraire lorsque je fais ça. En ce mois de janvier mon premier argument « As-tu vraiment besoin de ce livre actuellement ? » tenait bon et je n’avais pas eu besoin d’argumenter avec moi-même. Tout allait bien.

Vint le mois de février et l’envie de terminer des séries/sagas de livres dont j’avais les premiers tomes. Après quelques passages sur des sites de ventes d’occasion (vive la second main – mon deuxième argument pour contrer l’achat d’un livre neuf), je craque et m’achète la fin de la saga de La Communauté du Sud de Charlaine Harris (vous savez, ces livres qui ont inspiré la splendide série True Blood, créée par Alan Ball) en vf et l’intégrale en vo… ben oui, il y avait une occasion à ne pas rater…

Oui, ces deux mois ont été doux comparés aux suivants, grâce aux sites de vente d’occasion…

Avril, la foire aux livres de Paimpont

Première partie des livres choisis à Paimpont

Alors là, pour parler buffet à volonté et quasiment gratuit, on y va ! Et comme j’ai des goût hyper éclectiques, je me suis lâchée. Voyez vous-même, près d’une trentaine de livres pour une modique somme. Le plus onéreux valait 2€. Bref…

La suite des livres dénichés à Paimpont

Une foire aux livres, pour moi, c’est une plus grande tentation encore qu’une maison de pain d’épices pour Hansel et Gretel, ou qu’un crocodile perdu au milieu d’une horde de fourmis magnans affamées. J’achèterais tout ! Alors, je respire, je me concentre et tente de ne prendre que l’essentiel. Mais c’est quoi l’essentiel, quand on est curieux et insatiable de nouveautés (et pas que ; ma mémoire de poisson rouge me permet de relire un livre déjà lu plusieurs fois…)

Mai, le salon des Forges Obscures (salon du polar de Trith Saint-Léger), deuxième édition

Le butin lors des Forges Obscures

Alors, ce n’est pas la thématique qui m’attire le plus en salon, je suis, de loin, beaucoup plus habituée aux salons de l’imaginaire, bien que je lise des polars aussi, en bonne fan d’Arsène Lupin, le contraire serait dommage. Mais là, le salon des Forges Obscures est organisé par deux ami.e.s de longue date et j’avais une nouvelle fois envie de marquer le coup en allant les soutenir en chair et en os. Surtout qu’après deux années de crise sanitaire, la deuxième édition a eu bien du mal à voir le jour. Alors quelle joie de parcourir ce théâtre animé de voix multiples de semeur.euse.s d’énigmes, et, il faut le dire, de cadavres, parfois bien mystérieux. L’ambiance est fun et légère, malgré la noirceur de la thématique…

Mise en scène macabre au salon des Forges Obscures

Les auteurs de maisons d’édition côtoient les auto-édités de façon égalitaire. Pas de jaloux. Pas de concurrence. Que du partage. De toute façon, toutes les ventes passent par l’unique libraire des lieux. J’y ai donc eu la joie de rencontrer Caroline Carton et ses thrillers fantastico-horrifiques et Frédéric Lyvins, qui joue dans la classe horreur et pulp jusqu’à danser de la plume avec Graham Masterton himself. Question célébrité, cette année, l’invité d’honneur n’est autre que le timide Franc Thilliez à la plume toujours affûtée.

L’affiche de la deuxième édition du salon des Forges Obscures

Je m’en sors avec six livres achetés et ma comparse avec trois – et c’est sans compter avec les quatre qu’elle m’a offert plus tard (ils ne venaient pas du salon ceux-là…) De tout cela, j’ai déjà dévoré la moitié puisque j’étais en vacances à ce moment-là, et je ne me suis pas privée d’en lire deux des trois sélectionnés par ma comparse, dont l’excellent Enfermé.e, de Jacques Saussey.

Les deux livres acquis par ma comparse que j’ai déjà lus

Merci à Élo et Seb’ pour ce chouette, mais trop court moment. J’aurais vraiment aimé pouvoir assister à la table ronde. Promis, l’année prochaine, je la fais plus longue !

Juin, le salon des Étonnants Voyageurs

C’était la première que je faisais un salon de cette envergure et je ne suis vraiment pas sûre de renouveler l’expérience, malgré de chouettes rencontres. Déjà l’entrée est chère (heureusement que j’avais une invitation – merci Lucca Éditions) et puis : trop de stands, trop de monde, trop de bruit… donc trop de stimulations pour moi = saturation sensorielle. Youpi ! J’étais ravie de retrouver le calme de ma maison après ce salon. Oui, ça fait plaisir de voir tout ce brassage de genres, styles, mais ce n’est clairement pas ma came, d’autant plus que le lieu est une véritable étuve pas aérée.

Les livres de Lucca Éditions trouvés aux Étonnants Voyageurs

En tout cas, comme d’hab’ avec la littérature de l’imaginaire, de bons échanges avec Lucca Éditions et ses éditrices, Gulf Stream (éditrices et autrices), avec Critic (libraires et éditeurs), avec Transboréal, avec Pierre Bordage ou Morgan of Glencoe qui ne tarit pas de conseils pour l’autrice en arbres que je suis. Bon… Je n’étais pas venue seule et, à nous deux, nous repartons avec pas moins de onze livres >_<, mais cette fois, je ne suis pas en vacances, alors ces mondes-là devront attendre patiemment avant que je les déguste avidement.

Vous reprendrez bien encore un p’tit livre, n’est-ce pas ?

Tout cela pour dire que les livres sont ma vie, je pourrais passer ma vie à lire et grignoter ces mondes réels et imaginaires avec délectation. C’est la passion la plus dévorante que j’aie et vue ma compulsion à l’achat, elle n’est pas prête d’être étouffée, malgré ma volonté à vouloir absolument freiner ma consommation envahissante.

N’allez pas croire que ces livres sont des caprices. Non, non. Chacun renferme un univers, un monde prêt à m’accueillir, prêt à être dévoré goulûment. Il n’attend que le bruit du froissement de ses propres pages et du souffle haletant du lecteur vorace de mots/maux ! Et j’aime tant me projeter dans ces moments de pause dans le quotidien, loin de notre dure réalité. C’est de toute façon ce que je clame dans « Livres émois » et ce n’est pas près de changer, même si je ferai tout pour me restreindre au maximum…. Si je compte, j’en suis aujourd’hui à plus de 80 livres en 6 mois. Mais quand aurai-je le temps de tout lire ? Quand ? Les journées ne sont pas assez longues. La vie non plus…

Comme le tweetait si bien Stephen King le 18 juin 2022 : « So much to watch. So much to read. So little time. » Alors, je vais rester zen… je l’espère… au moins quelques semaines. 😉

Juin 13, 2022 - livres    No Comments

Livres émois

Namaste les Dévoreur.euse.s de Mondes,

Les livres et moi, les livres émois. Les accumuler, les sélectionner. Les caresser, les dévorer. Les empiler, les ranger. Les observer, les aimer.

J’adore être entourée de livres et je les accumule. J’achète. Parfois compulsivement. Ça pourrait ressembler à une collection, mais c’est bien plus que ça. Chacun d’entre eux est un compagnon passé, présent ou futur. C’est tout un tas d’imaginaires à découvrir, d’amis à rencontrer, une multitude d’univers à parcourir, des aventures à vivre par procurations, autant de Mondes à dévorer.

D’une certaine façon, je me projette dans l’univers de l’auteurice dès que j’effleure une couverture qui m’interpelle. Ses mots s’immiscent dans ma peau et pénètrent mon corps. Ils m’affament et me dévorent de l’intérieur avant même que je n’ai pu les effeuiller.

D’année en année, mes PAL s’accroissent… débordent…

Depuis que je suis en âge de faire mes propres achats en solitaire, j’achète compulsivement des livres. J’évite d’entrer dans une librairie autant que de jouer à des jeux vidéos. Si je franchis le pas, un effort extrême est nécessaire pour que je parvienne à résister. Achat ou jeu.

Une partie de ma collection des fleurs du mal

Parfois, j’ai focalisé mes achats sur un ouvrage en particulier. Ainsi, je possède plus d’une dizaine d’exemplaires des Fleurs du Mal, un peu moins de Dracula… et probablement plusieurs centaines de livres sur les vampires (ma grande passion ; même si je n’en retiens pas grand chose). C’est mon truc. En ce moment, j’évite même de craquer sur l’œuvre complète de Maurice Leblanc, Arsène Lupin (The love of my life), afin que mes proches ne soient pas saturés de mes lubies, si je puis les nommer ainsi. Et puis, les livres, ça prend de la place…

Un buffet à volonté…

Imaginez-moi dans une médiathèque : le paradis… il n’est plus question de compte en banque, c’est un buffet à volonté quasiment gratuit. Une frénésie d’emprunts me gagne régulièrement et je ressors de la médiathèque avec des livres à ne plus savoir en porter, que je rendrai sans doute en retard…

La seule frustration, c’est que je suis obligée de retourner chacun de ceux qui m’ont émerveillée. Et il y en a tellement que je me retiens de les acheter. J’essaie de me focaliser sur ceux que je ne trouve pas près de chez moi, sur les nouveautés, sur des auteurs peu médiatisés, des petites maisons d’édition. Mais je finis toujours par craquer.

Des piles à lire à n’en plus finir

Pour vous dire, j’ai déjà acheté plus de 80 livres en même pas 6 mois… la majorité d’occasion, c’est sûr, mais quand même… Et qu’en est-il du temps pour les lire ?

Quand j’étais ado, ma pile à lire (PAL pour les initiés) se comptait en livres, quelques années plus tard, en nombre de cartons, aujourd’hui, elle se compte en nombre d’étagères. Comment trouverais-je le temps de lire tout cela avant ma mort, en plus des nouveaux à découvrir ?

Alors, chaque année je me défie pour éviter la surconsommation (parce que les livres, c’est aussi du papier, des arbres qu’on abat pour notre plaisir) : lire plus que j’achète (reçois ou troque), lire deux fois, trois plus…

Cette année, je souhaitais me contraindre d’acheter un livre lorsque j’en aurais lu dix… autant dire que l’objectif va être très compliqué à atteindre, à moins de ne lire que des mangas ou des bandes dessinées (oui, ce sont des vrais livres, j’ajouterais que ce sont des livres qui aident à la focalisation de l’attention, lorsqu’on a un esprit qui file, devient rapidement insaisissable, parce que vite parasité par tout un tas de pensées).

Soupirs…

Amours inconditionnelles

Alors oui, beaucoup ne comprennent pas que j’amasse ces livres et se gaussent de mes amis imaginaires et de papier, parce que j’aime me préparer des PAL et me projeter dans la lecture des mondes de ma nouvelle pile. J’anticipe les émotions, le bonheur que je ressentirai à parcourir leurs pages. Pour moi, ils sont un réconfort permanent, un refuge éternel, ils m’aident à affronter le monde, m’aident à expérimenter des vies que je ne vivrai jamais (vive les dragons). Ils me rassurent et je plonge régulièrement dans une boulimie qui me fait oublier l’existence et les êtres de chair et de sang qui m’entourent. Chaque être de papier devient un ami réconfortant ou un ennemi à combattre pour la journée…

Quand je regarde les volumes qui tapissent ma chambre, mon bureau ou mon salon, et que je songe à chacun d’entre eux, je m’imagine en train de caresser leur page, de leur accorder le temps qu’ils réclament tous. Pourtant, je sais qu’au rythme où je les lis, où je les reçois, où je les emprunte, je ne réussirai jamais à tous les lire avant ma mort. Alors mon cœur se tord comme si j’allais délaisser ceux que je n’aurai pas dévorés… comme un ami abandonné, livré à lui-même, sur le bord du chemin.

Peut-être pourrais-je les emporter avec moi dans l’autre monde. Ils me feront de fiers compagnons dans l’au-delà et je serai, à tout jamais, la gardienne de leurs maux…

Jan 11, 2022 - Bribes de vies    No Comments

2022 : S’offrir un cocon de douceur en refuge apaisant

2021 - Amou à Saint-Péran

Namaste cher.ère Dévoreur.euse de Mondes,

Poser des mots justes sur des intentions authentiques et bienveillantes, voilà ce que m’inspire ce nouveau début d’année, malgré la torpeur ambiante. Et de la douceur, beaucoup de douceur pour entrevoir demain comme une porte qui s’ouvre et non comme une porte qui se ferme.

De l’incertitude des vœux de la nouvelle année…

Depuis plusieurs années, je ne sais pas comment formuler mes vœux en janvier. Les convenances des fêtes de fin d’année m’insupportent de plus en plus, me mettent mal à l’aise. Mon esprit contestataire se révolte de suivre les traditions uniquement pour suivre les traditions, j’ai envie de rugir ma rébellion et de tout envoyer valser au fond d’une ravine sans fond.
Ma poitrine se serre.
À l’intérieur de moi, je me sens étouffée par l’expression de ces « bonne année ». Beaucoup souhaitent les vœux à la va-vite davantage comme un pansement qu’on arrache d’une plaie plutôt que comme un don débonnaire, altruiste et bienveillant. « Allez hop, ça c’est fait et on n’en parle plus ! » Et c’est de pire en pire à mesure que je vieillis. Et plus je vieillis, plus ça me blesse. Et plus je doute…

Je pense qu’en grandissant, l’imprévisibilité de la vie nous apprend aussi que le concept du demain meilleur n’existe pas vraiment. Cette année, en particulier, j’ai beaucoup de gens malades autour de moi ou en grande difficulté sociale, et ces souhaits, même si l’intention est bonne et que je crois toujours en la force de l’interdépendance et de l’impermanence, sont difficiles à exprimer. Je ne sens pas mes vœux assez profonds, pas assez puissants. Je trouve mes mots plats, et j’exècre la platitude. J’ai peur de blesser, de remuer des couteaux profondément enfoncés dans les chairs, alors que j’aimerais vous voir sourire.

C’est peut-être mon hypersensibilité qui s’exprime, mon empathie qui déborde, peut-être que j’intellectualise trop ces quelques mots, peut-être que je devrais lâcher-prise et faire comme tout le monde et simplement offrir ces simples souhaits furtivement sans me poser de questions sur leur réception. Mais non, je n’y arrive pas. Je doute et tergiverse. Mes mots sont hésitants, je me demande beaucoup trop comment ils vont être reçus.

De l’intention quotidienne

En même temps, chaque jour est nouveau. Alors ce rituel sociétal paraît trivial, désuet et lassant. J’entends régulièrement cette analyse autour de moi. De plus en plus de personnes abandonnent cet exercice à cause de son apparente inutilité, mais souvenez-vous du pouvoir des intentions, de la force émotionnelle que peut générer un simple mot positif envoyé. Ou reçu…
Personnellement, lorsque je choisis d’envoyer une intention positive, profonde et sincère, au creux de ma poitrine, je ressens une chaleur qui se propage ensuite dans tout mon corps, et ça pétille sous ma peau diaphane comme si j’avais moi-même reçu mes propres souhaits. J’aime cette sensation. J’aime faire plaisir aux autres, les faire sourire, leur offrir de l’attention (lorsque je le peux).

Alors, j’aimerais qu’on se propage des vœux chaque jour, chaque minute, qu’on se souhaite le meilleur toute l’année et pas uniquement à un seul et unique moment… qu’on offre de douces attentions à ceux qui nous entourent chaque jour. J’ai envie que mes vœux pour vous soient une cérémonie à eux seuls, personnalisés, ciselés, authentiques. Chaque jour.
Décidément, les vœux de 2022 sont à mille lieues de ceux de 2021. J’ai presque honte, parce que j’ai vraiment failli crier ma rage, mais ma rentrée (surtout mon mardi matin) a été spéciale et me ramène à l’importance de l’entraide, du partage, de la compassion et me rappelle à quel point j’ai une place de privilégiée dans cette société occidentale.

Humilité

De la douceur et de l’amour…

L’année dernière, j’avais fait preuve de spiritualité, de philosophie… Aujourd’hui, j’ai envie de faire preuve de gratitude pour toutes les expériences que j’ai vécues. Les bonnes comme les mauvaise, parce que tout nous fait avancer. Alors, je souhaite vous offrir plus que de la simple douceur. J’ai envie de tous vous étreindre, de vous chuchoter des mots d’amour au creux de l’oreille, de répandre de la douceur dans votre cœur, de la bienveillance et de la compassion comme on saupoudrerait de sucre glace une maison en pain d’épices. De vous offrir de l’émerveillement en bouquet…

J’ai envie de hurler « À l’art ! » et qu’on offre aux artistes de tout acabit, quels que soient leurs médiums, une place digne de ce nom ! Si vous saviez à quel point l’art soigne l’âme et apaise le cœur, vous ne le relégueriez plus au dernier plan. Offrez vous des œuvres sous toutes leurs formes, des livres, des peintures, des sculptures, des photographies, des disques… Faites vivre la création ! Elle ouvre le champ des possibles. Elle nous fait rêver… Faites vivre les créateurs ! Ils nous font rêver…

Je veux de souffler sur le monde, sur le Vivant, sur vous, les mots les plus doux possibles. Que le ciel s’embrase de milliers d’étoiles scintillantes, que la voie lactée vous serve de guide dans vos jours sombres et que le Vivant soit vu, tel qu’il est et que personne n’oublie plus jamais que nous lui appartenons et pas le contraire. Nous ne sommes qu’une infime partie du Vivant. Oui, nous lui appartenons. J’ai envie d’un monde où l’économie est dévorée par la bienveillance, la douceur, le partage, l’amour… la nature.

Si je le pouvais, je vous offrirais, pour tous les jours de l’année, un cocon de douceur douce et moelleuse dans lequel on aime à se lover en souriant, rassasié d’amours partagées. Un refuge douillet qui vous réconforte et vous rassure avant de vous projeter haut, très haut vers l’infini de la galaxie.
Oui, tout n’est qu’impermanence et interdépendance…
Et j’aime à croire que mes intentions pour vous, pour cette nouvelle année, contiennent assez de puissance pour que le monde scintille de milliard étoiles. J’ai envie de voir vos regards pétiller.

Alors, que Dame Lune guide vos pas à travers vos nuits de désespoirs, que Sieur Soleil illumine vos jours d’émerveillement, que les étoiles accompagnent vos rêves les plus fous. Que la lumière du renouveau éclaire vos vies et vous montre le chemin de votre cœur, de votre âme… et de votre douceur.

Avec toute ma bienveillance…

Jan 14, 2021 - Actualité, Bribes de vies    No Comments

Vœux 2021, amour, impermanence etc. tralala : pourquoi souhaiter les vœux de la nouvelle année est devenu important pour moi (même si je ne les ai pas encore souhaités à tous) ?

Cœur dans la neige à Saint-Péran - janvier 2021
Un peu d’amour à Saint-Péran

Un nouveau champ de possible s’ouvre à nous, profitons-en, remplissons-le d’amour, de bienveillance, de respect pour le Vivant, d’art, de créations en tout genre, libérons la parole, remercions et souvenons-nous de ce/ceux qui nous a/ont fait grandir et expérimenter la vie. Chaque émotion est belle, embrassez les toutes. Vivez.

Aux chiottes 2020, on tire la chasse : bilan 2020 – Après les mots d’amour, j’ai presque honte d’avoir un titre aussi trivial, mais repartons sur de nouvelles bases.

Je dis ça, mais en réalité, pour moi, cette année 2020 n’a pas été aussi pourrie qu’elle ne l’a été pour un max de gens. Beaucoup d’entre nous ont vu leurs projets annulés ou au mieux reportés à des dates incertaines (y compris dans les associations dont je fais partie). Beaucoup ont perdu des proches, ont souffert et souffrent encore. Et c’est le cœur meurtri que je pense à chacun.

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