Coup de foudre d’écritures – Chapitre 2 : Apes O’Clock, À L’Aube du tumulte
Pour nommer cet article, j’ai longuement hésité entre coup de foudre d’écriture ou coup de foudre artistique tant l’univers d’Apes O’Clock (AOC) dépasse tellement leurs mots. Il est tellement plus riche qu’un simple exercice littéraire que je ne voulais pas me cantonner à une dithyrambique déclaration d’amour à leurs textes. Oui, les plumes des grands singes sont des merveilles à chérir, mais j’ai ressenti le besoin d’aller creuser un peu plus loin que la technicité de leurs verbes acérés…
Et puis, je me suis rappelé que je ne suis pas musicienne, que je n’officie qu’avec plumes et pinceaux, alors pourquoi tergiverser ? Parlons écritures, imaginaires, sources d’inspiration et révolte. Approchez, soyez les bienvenu.e.s dans l’univers d’une richesse incontestable des tumultueux dandys punk d’Apes O’Clock. Ça tombe bien, ils viennent de sortir un deuxième album. 🦍
À L’Aube du tumulte
Dans la continuité de leur premier album Le spectacle continue (2019), ce second opus, À L’Aube du tumulte, explore la vanité de l’humanité, ses travers, ses vices, ses massacres, l’effondrement d’un système voué à l’échec. Le tout pourrait offrir un rendu dépressif à souhait si les artistes n’avaient pas teinté d’un son énergique et entraînant leurs textes, rendant le tout festif et dansant. Envolées par une musique percutante aux arrangements qui induisent un soupçon de féerie obscure et mystérieuse, les paroles sombres, révoltées, véhémentes semblent beaucoup plus lumineuses et légères à l’oreille. Voilà déjà une mise en garde sur les apparences trompeuses qui parfument le cabaret désenchanté d’Apes O’Clock. La recette est bien plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord et au-delà de la révolte, c’est bien là, pour moi, la thématique de leur univers : ne pas se fier aux apparences.
Une révolte sourde, un cocktail détonnant
Entends-tu la clameur des foules qui s’éveillent ?
Entends-tu le murmure des esclaves qui se révoltent ?
Entends-tu la rumeur des bêtes qui se soulèvent ?
Entends-tu le pas tonitruant de la Marge franchir le seuil de la société ?
Entends-tu le bourdonnement du tumulte qui souffle sur nos vies ?
C’est celui de notre Terre qui saigne et agonise…
Apes O’Clock, c’est pour moi une réminiscence de mes amours adolescentes, un cocktail savoureux des musiques de mes années 90 (pour faire une moyenne)…
Prenez la fougue et l’énergie de Silmarils, le cabaret punk des Dresden Dolls (cherchez l’intrus des 90’s), le flow percutant d’Assassin, la révolte incisive des Béruriers Noirs (oups encore un intrus).
Saupoudrez le tout, mais avec parcimonie, de la folie épicée des Tétines Noires 🖤 (rappelez-vous ce groupe déjanté mené par le chanteur Emmanuel Hubaut dont le pied de micro est le plasticien Made in Eric, nu ; d’ailleurs il expose, avec d’autres artistes, à la galerie Fab Lab, à Paris en ce moment – Le langage du corps – Collection agnès b. 9 juin au 22 octobre 2023).
Distillez ces saveurs dans un alambic ancestral.
Brassez avec vos convictions profondes anti-oppressions, vos revendications sociales et sociétales.
Ajoutez une pincée de désespoir climatique et de hurlement bestial.
Laissez fermenter quelques mois dans des ténèbres abyssales et vous recevrez dans votre boîte aux lettres la nouvelle décoction foudroyante proposée par les tempétueux primates rennais d’Apes O’Clock et qui fait Boum Baff dans ta face ! C’était comment déjà ? Ah oui :
« On veut du boum baff, du son qui décrasse
Du boum baff, qui te secoue la carcasse
On veut du boum baff, un refrain tenace
Qui tape dans ta tête, qui fait boum dans ta face »*
Mission accomplie !
Embrasser sa part d’obscurité
Commençons par découvrir la Marge, la couche licencieuse de la société. Franchirez-vous son pas pour effleurer la noirceur des bas-fonds ? C’est comme pénétrer l’enfer d’une bibliothèque, tout peut arriver. Êtes-vous prêt.e.s ?
La cour des miracles
Ne vous laissez pas séduire par ses faux airs d’Arsène Lupin, Le Cabotin, bien que charmant, n’est pas là pour résoudre les mystères de l’Histoire de France en offrant des fleurs aux femmes qu’il séduit sur sa route. La même arrogance se cache derrière ses traits, le même panache, la même sagacité, la même aversion pour la pudibonde bourgeoisie. Certes.
Mais ce Cabotin à la lame aussi affûtée que son verbe semble plutôt tout droit sorti d’un conte de Charles Dickens ou du roman Les Misérables de Victor Hugo (dont Le Cabotin partage le patronyme) plutôt que de l’imaginaire de Maurice Leblanc. Il est prêt à vous poignarder dans le dos, sans aucun doute. Personnage sillonnant les rues, à la marge de la société, il pourrait sévir du côté de Whitechapel et s’allier à Hans Peter Von Barrik pour fomenter des plans de domination du monde capitaliste pour le faire chuter. Des têtes vont sauter…
D’ailleurs, en parlant de ce cher Hans Peter Von Barrik, cet ingénieux savant alchimiste qui mélange les saveurs sensuelles et éthyliques, qui concocte des breuvages liquoreux pour éveiller vos papilles et endormir vos pupilles, il y a chez lui, le nez de Jean-Baptiste Grenouille et la folie perverse des droogies d’Orange Mécanique. Autant de personnages dont je préférerais éviter les chemins. Il n’est pas bon pour le quidam de croiser le passage de la Marge. C’est comme croiser celle d’une chasse sauvage, la rencontre est bien souvent fatale… pourtant, ces personnalités réveillent les pulsions animales qui sommeillent en chacun de nous et nous étirent presque un sourire sardonique qui ferait pâlir celui de G.N.A.R.K.
Freaks, la monstrueuse parade
La musique qui propulse les vers de Hans Peter Von Barrik est teintée du lyrisme des cuivres et nous emporte dans les draps de tous ces freaks, dissimulées à la lisière de la société, qui déboulent de L’Entresort d’AOC et paradent pour nous faire frissonner par leurs différences. Entrez M’sieurs, Dames, Miz, Transgenres, Agenres, Neutres et Non-Binaires, entrez tel.le.s que vous êtes, gooba gabba, gooble gobble, we accept you…
Moi, ce titre me rappelle « Freaks » des Tétines Noires et le film du même nom de Tod Browning avec l’incroyable Schlitzie ! Rappelez-vous ce film… Même X-Files lui rend hommage dans la saison 2 grâce aux performances des artistes du Jim Rose’s Circus.
Et tout ce qui touche à cet univers de foire aux monstres me séduit depuis des lustres… peut-être parce que je me suis toujours sentie hors de ce monde.
Le public trépigne, mais doit bien se tenir, la parade est là… et elle déploie ses ailes de géante qui ne l’empêchent pas de marcher. Elle s’affirme. Et gare à celle/celui qui cherche à duper le monstre, rappelez-vous comment finit l’acrobate Cléopâtre…
Les titres Ocieux, je suis et Odieux, je nuis concluent l’album comme les deux facettes d’une même pièce jetée de façon désinvolte à un gredin (pour faire soft) déguisé en mendiant. L’ode à l’oisiveté du jour et l’ode à la bestialité de la nuit enrobées de la délicatesse d’une plume sensuelle.
À l’image du personnage double de Robert Louis Stevenson, à l’image aussi de la binarité de la société ambiante, ces deux morceaux sont comme un appel à embrasser sa part obscure pour définitivement être soi et s’exposer au monde tout en authenticité. Il n’y a pas d’obscurité sans lumière et… inversement.
Je me délecte des textes. Deux titres aux vers complexes et magistralement interprétés, je suis subjuguée par le flow du chanteur dont la langue ne fourche pas en live.
Diptyque (j’ai pas dit dytique) qui n’est pas sans rappeler le titre qui ouvre ce second album : Kong. Qui est le King ? Qui est le Kong ? Qui renversera la fange qui domine le monde ? Ce titre s’inspire de l’imagerie du célèbre singe géant (sur l’album, l’image du singe est présente dans 4 morceaux sur 11 si je ne me trompe pas) pour questionner sur la réelle place de roi dans nos sociétés. Qui est en haut du building ? Qui nous assiège ? Qui tombera ? En prime, le morceau offre une tonitruante ouverture à l’album ! Allez ! Boum baff ! Dans ta face !
Un imaginaire révolté
Des contes de fée pour croquer la société…
La Marge croise aussi parfois le chemin des contes de fée. C’est ainsi qu’ils étaient autrefois contés. C’est ainsi que les ancêtres prévenaient les enfants des dangers de la vie. C’est ainsi que s’effondre le conte de fée des États capitalistes dévorant la substance, l’essence du Vivant pour faire miroiter une vie meilleure sur les ruines d’un monde qui s’effondre… Il était une fois les ruines d’une société qui s’était dévorée elle-même… Les cendres d’une dernière orgie gargantuesque se dispersent dans le vent sous les yeux de la populace enivrée par le mythe de la croissance infinie, avide de posséder, flouée par les mensonges de voleurs patentés.
Quitte à faire un lien avec un autre titre : « Aux douleurs qui résonnent, l’homme avide reste sourd »**…
Ici, si je devais analyser le texte, comme à la bonne époque des commentaires composés (oh je suis sûre que ça vous manque), je mentionnerais que les champs lexicaux littéraires du conte de fée et de l’opulente bectance sont goulument exploités.
Un morceau succulent à déguster du bout des lèvres, pour en savourer la saveur sur la langue, à s’en faire pétiller les papilles. Diantre, il titille le palais.
Petite aparté sur le clip proposé pour Il était une fois que je trouve graphiquement classe et efficace. Tout en silhouette 2D. L’image sert la musique et les paroles. Juste parfait.
Tout comme le graphisme de l’album, signé Simon Douchy, qui sert l’ambiance musicale. Tout est bien pensé, soigné. Les grands singes sont mis à l’honneur et le groupe œuvre pour le roi Kong qui trône sur son siège de géant.
Climate justice!
Et dans la continuité de la destruction de notre environnement, je vous présente le titre Faux Frères, lettre du dernier primate à son cousin Homo sapiens sapiens… celui qui est dit intelligent, celui de l’anthropocène, celui qui détruit et oublie qu’il est lui-même une facette du Vivant, qu’il fait partie de lui et qu’il n’est pas meilleur. Juste un grain de sable parmi d’autres. Si petit, si insignifiant et pourtant si destructeur… quelle bonne idée ce titre ! Quelle bonne idée d’exprimer la détresse du monde animal par cette missive éplorée ! Mon cœur se brise par empathie pour ce dernier primate à la plume désespérée.
Ridiculiser l’oppresseur
G.N.A.R.K. et Get it se moquent des oppresseurs représentés d’un côté par les gouvernants à la solde du capitalisme et de l’autre par le chien du gardien du zoo, personnifiant la bassesse de son maître, et ce maître encore plus dominant que le cabot. Des deux côtés, il est question de tourner en ridicule les symboles d’oppression de nos sociétés occidentales qui nous acculent, nous étouffent, nous détruisent. En musique, les opprimés pourront-ils se libérer de l’oppression ? Et comment ne pas avoir le palpitant qui se déchire d’entendre l’oppresseur-chien lui-même opprimé par l’oppresseur-gardien bien plus dominant que lui, alors que le canidé, inspiré par la danse du primate, souhaite se libérer de cette dynamique maître/esclave… sans succès. La pyramide d’oppression s’établit en fonction de la puissance de l’être… encore et toujours… quelle que soit la strate de la société à laquelle on appartient.
Et pour parler technique, ici aussi, mon âme de poétesse s’embrase pour les différentes allitérations qui ponctuent le texte et rythment la diction des deux chanteurs. Un régal.
La hargne des Bérus
Le morceau Le Temps des récoltes fontionne en miroir avec La Mauvaise graine (issu du premier EP #1 From Jungle to Downtown – 2015). Les titres se répondent avec près de 8 ans d’écart avec une ambiance similaire. La graine semée a germé, a crû. La composition musicale et la hargne du texte évoquent toujours celles des Béruriers Noirs, à la fin des années 80…
En 1789, les aristos sont tombés pour que les bourgeois prennent leur place. En 1989, l’Olympia. Porcherie, Petite agitée… Rappelez-vous « plus jamais de 20 % ». Triste monde raciste. Shame on my people. À chaque élection, des larmes de déception.
L’ambiance sociétale demeure la même (s’empire !) et ces titres fouillent les révoltes silencieuses qui nous habitent et qui grondent jusqu’à nous dévorer. L’escalade de la violence contemporaine promet un bain de sang similaire à celui de la Révolution et qui semble de plus en plus inévitable. Ami.e sens-tu la Terre trembler ? C’est les prémices de l’éruption d’un volcan contenu, compressé, opprimé depuis des dizaines d’années.
Ce n’est pas pour rien qu’un groupe comme Silmarils fait son revival ces derniers temps ; ces gars-là manquaient indubitablement à la scène rock française.
Et pour parler musique…
Un jeu de calques astucieux
Énorme coup de cœur pour les arrangements subtils, le travail des chœurs qui donne une sacrée profondeur de champs, ainsi que pour les enchaînements créatifs entre les chansons qui donnent des bouffées d’oxygène à l’ensemble de ces 11 titres denses ! Ce jeu de calques offre à l’album diverses strates qui se superposent et à effeuiller pour s’immerger dans le monde simiesque des Rennais. On parcourt À L’Aube du tumulte comme une foire de monstres et les délicates transitions sont d’une fluidité enivrante au point où j’aimerais que la visite ne se termine jamais, la porte d’un nouveau chapiteau est à portée de main… mais 45 minutes, c’est déjà un bel et long album. Alors savourons ce que l’on a avant d’en réclamer davantage.
Un ovni musical
Bien que ponctué d’un lyrisme littéraire indéniable, l’univers du groupe ne dépasse pas les limites de l’exubérance excessive. Chaque titre a sa propre personnalité, sa propre orientation musicale. Des breaks bien placés, de la douceur là où il faut, du gros son de guitare heavy lorsque c’est nécessaire, une basse funky, un batteur qui fournit un rythme qui sent parfois le soufre et des cuivres qui énergisent le tout. Apes O’Clock construit un véritable entresort sonore qui les place dans le rayon des groupes inclassables, à la marge de l’industrie musicale, comme Les Tétines Noires, The Dresden Dolls…
Et moi j’aime sans limites ces Ovnis qui osent…
Apes O’Clock est donc pour moi un énorme coup de foudre artistique qui nourrira mon imaginaire pendant des lustres indénombrables sacrifiés sur l’autel de la créativité (on en reparle dans un épisode Hors Série sur Le Jardin des Délices pour la Samain le 31 octobre, en autres).
Et en live ça donne quoi ?
Qu’elle soit étroite ou spacieuse, la scène est leur demeure et les planches brûlent sous leur poésie percutante et audacieuse. Ma première vraie expérience avec AOC date d’il y a un an, aux mardis de Maxent (35), en plein mois d’août. Il paraîtrait que je les ai déjà vus, plusieurs années plus tôt en mode déambulation au même endroit, mais pardonnez mon esprit encombré des vapeurs d’un traitement soporifique, je n’ai de ce concert aucun véritable souvenir, à part l’image d’une fanfare sympathique. 🙈🙉🙊
Et donc, en août 2022, je me prends une claque d’enfer et peine de ma timidité exemplaire à remercier le groupe de sa performance à la fin du concert… Depuis, je les ai revus plusieurs fois et à chaque date, la même énergie émulatrice s’empare de ma créativité.
Forts d’un nouveau spectacle d’1h30 travaillé en résidence au printemps dernier, les trublions simiesques vous ouvrent les portes d’un cabaret fantastiquement farfelu. La fougue des deux chanteurs est communicative. Ils se font ambianceurs et n’ont pas peur d’aller à la rencontre du public, qui peut parfois paraître hésitant, pour enivrer les spectateurs de leur verbe cinglant. Mention spéciale pour les cuivres qui enrobent le tout de la suave chaleur du Bayou (Marie Laveau, Voodoo Queen forever ❤).
Chaque membre du groupe a un charisme détonnant et l’interprétation de chaque morceau est ciselée (j’allais dire à la perfection, mais on va encore m’appeler dithyrambe). Et vous voilà, pour le restant de l’éternité, envoûté.e.s. Sautez sur l’occasion de les voir en concert, le cocktail est savoureux et vous serez charmé.e.s par ces sorciers sortis d’une autre réalité.
Allez, on se rejoint de l’autre côté du rideau, le spectacle y continue… ✊
« Tous aux barricades
Barrons le droit chemin
Fini de suivre dociles
On n’est pas des pantins
Tous aux barricades
Mauvaise graine en chemin
D’autres routes sont possibles
Marchons vers demain »
« La Mauvaise Graine », EP #1 From Jungle to downtown, 2015
Informations complémentaires (non exhaustives)
- * « Boum Baff », Le spectacle continue, 2019
- ** « Get it », À L’Aube du tumulte, 2023
Sitographie
- Bandcamp : https://apesoclock.bandcamp.com/
- Instagram : https://instagram.com/apesoclock?igshid=MzRlODBiNWFlZA==
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Discographie
- À L’Aube du tumulte, 2023
- Le spectacle continue, 2019
- EP #2 – Don’t wake me up, 2016
- EP #1 – From Jungle to downtown, 2015
Clips
- Il était une fois – https://youtu.be/OPVPKxKyITY
- Soyez les bienvenus – https://youtu.be/XL_Pw7VI-wY
- Le Spectacle continue – https://youtu.be/28H6N1a1gog
- Voodoo Queen – https://youtu.be/mtrVnViO2vw
Live sessions
- Rouge – https://youtu.be/PtrPCXPJfWQ
- Requiem et messes basses – https://youtu.be/2XvzymzSRq0
- Shame on my people – https://youtu.be/9U3MbKFcKVw
- La Plume ou le plomb – https://youtu.be/M2Y6cHKpvO8
- Colombia – https://youtu.be/cIqvbiSiLvc
Pour aller plus loin…
- Freaks, Les Tétines Noires – https://youtu.be/7mTsFzRuXuw
- Clip Freaks, Les Tétines Noires – https://youtu.be/B1-VmbqsFMk
- Freaks, La Monstrueuse Parade, Tod Browning – https://youtu.be/nqHPMGyLu78
- Scène mythique du film Freaks, la Monstrueuse Parade – https://youtu.be/W99n083E0IA