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Nov 15, 2022 - Coups de coeur    No Comments

Placebo + Jehnny Beth – Le Liberté – Rennes – 14 novembre 2022

Namaste les Dévoreureuses de Mondes, 

Vous n’aurez pas de photos. J’ai décidé de respecter la volonté des artistes et de passer le concert à profiter de l’instant, de la musique, des émotions, des énergies puissantes générées par la communion, le partage, la transcendance. 

On a oublié comment on profitait de la musique il y a vingt ans et c’était la meilleure des façons : essayer de porter les artistes pour qu’ils puissent donner le meilleur d’elleux-mêmes. Elle est là la réalité de l’échange entre celleux qui sont sur scène et celleux qui les acclament, elleux aussi ont parfois besoin d’être tenu.e.s par la main, d’être soutenu.e.s, pour s’élever, pour pouvoir faire face à un public exigeant, pour pouvoir donner le meilleur d’elleux-mêmes, pour pouvoir faire leur métier avec passion et illuminer vos yeux, vos vies.

Et j’avoue que j’ai pris un vrai plaisir à assister à un concert avec très peu de téléphones. Et c’est une ancienne photographe de concert qui vous parle…

Jehnny Beth, la fureur de vivre

Le Liberté n’était clairement pas prêt pour Jehnny Beth…

Jouant avec les sonorités indus à la Nine Inch Nails (pas étonnant, l’animatrice d’Arte a bossé sur son premier album avec Atticus Ross, collaborateur de Trent Reznor), le trio a dû aller chercher le public pour en soulever un semblant de clameur. La meneuse, Jehnny Beth, fait pourtant le taff : sensuelle, charismatique et dynamique, elle n’a pas peur de rentrer en contact avec le public en grimpant sur les barrières pour être au plus de près de la chaleur humaine. 

Personnellement, j’avais écouté sur YouTube, je n’étais pas emballée (chacun ses goûts), mais le personnage m’ayant intriguée je suis aller fouiller et me suis abonnée sur les réseaux. J’ai été envoûtée par sa douceur et sa culture underground et j’ai finalement eu hâte de la voir sur scène. J’ai été conquise, elle m’a donné ma dose d’indus, et ça faisait longtemps que je n’avais pas reçu un bon gros son. La suite de la soirée n’allait pas me décevoir niveau gros son.

Merci à Jehnny Beth pour cette percutante ouverture. 

Placebo, la parfaite transcendance 

Alors que les techniciens s’affairent sur scène pour préparer le plateau, J’entends de la musique et des mantras récités. Je cherche d’où provient le son et je suis incapable de savoir si les mantras viennent du public ou des enceintes. Ou de ma tête… 😆 Moi j’aime les mantras (en particulier l’un d’entre eux), alors je me sens à ma place, je m’apaise et je souris. Je sens que je vais voyager.

Parce qu’à l’origine, c’était pas gagné. J’étais sceptique. Comme dit dans un autre article, j’avais arrêté d’écouter Placebo aux alentours des années 2003. Je ne m’y retrouvais plus. Et je dois dire que je me suis réconciliée avec le groupe dès le premier morceau. Exit l’arrogance des débuts, je retrouve un groupe qui s’est épanoui dans sa plume, sa musique et son attitude et c’est très touchant.

Une belle complicité lie les membres du groupe (le duo Brian Molko et Stefan Olsdal d’une part, mais également les musiciens qui les accompagnent : Angela Chan, William Lloyd, Nicolas Gavrilovic, Matt Lunn). 

Le son est puissant, la batterie tabasse, la musique ensorcèle (oui, en digne résidente de Brocéliande, il faut bien que je saupoudre de la magie quelque part), et l’énergie envoyée est profonde, transcendantale.

Les sourires illuminent le visage des musiciens, il y a un vrai plaisir à retrouver la scène et ça se sent. La crise Covid intensifie sans doute le plaisir. 

Les britanniques occupent également l’espace et vont chercher le public. Pas besoin de mots, les gestes sont éloquents et seule la musique suffit. À celleux qui reprochent à Brian Molko de ne pas parler, je répondrai : « il est là pour vous faire voyager avec sa musique, pas avec ses interventions entre les morceaux ». Il est probablement là le message que transmet aujourd’hui le groupe Placebo : la musique seule suffit. 

La communication, la communion passent également par les gestes, les émotions et l’énergie, il suffit de s’ouvrir, d’observer le monde d’un regard différent pour accepter qu’on peut communier en fermant les yeux et en se fondant à l’instant. 

Parler, c’est parfois uniquement flatter l’ego du public et ils ne sont pas là pour ça.

Les paroles deviennent vaines, là ne réside pas l’esSENStiel, la racine de l’art, l’essence de la création. 

Retrouver l’ESSENCE de la musique, je pense que c’est exactement ce que Brian Molko et Stefan Olsdal, accompagnés de leurs acolytes, ont fait ce lundi soir au Liberté, à Rennes. 

Ils m’ont enchantée, je n’ai plus qu’à retrouver Merlin dans ma forêt pour continuer le voyage. 

« Soyez digne d’un don, pas dingue d’un dû. » Maëster 

Aujourd’hui, j’avais envie de nourrir un egregor positif plutôt que de laisser s’exprimer de façon décomplexée l’ego d’un public exigeant la soumission totale de l’artiste – je visualise bien des crocodiles à l’affût de leurs proies. Je trouve les critiques haineuses, égoïstes de plus en plus fréquentes et elles me déchirent le cœur. 

Non, les artistes ne vous doivent pas tout. Ils ne sont pas là non plus pour satisfaire chacun des egos présents dans la salle ou l’assistance. C’est fondamentalement impossible. 

Non, les artistes ne vous appartiennent pas. Jusqu’à preuve du contraire, ils sont encore libres de choisir ce qu’ils veulent vous transmettre. 

Non, les artistes n’ont pas besoin d’utiliser la communication verbale ou la parole articulée pour exprimer des émotions et entrer en communion avec leur public. 

Fermer les yeux,  profiter du moment, être ensemble. Accepter de voguer vers un ailleurs, un autre monde l’espace d’un instant. 

Oui, les artistes ont le droit d’être eux-mêmes sur scène sans avoir besoin de prononcer un mot à leur public, ils peuvent tourner le dos à l’audience, cacher leurs émotions, ou encore avoir perdu un proche, être malade et assurer quand même le show du soir… vous ne savez rien de leur vie. 

C’est au public d’être humble, de respecter sa place et de se souvenir qu’un artiste est un être humain que l’on doit respecter et qui vous donne de son temps, de son énergie, de son physique.

En concert, la musique seule devrait suffire… 

Et n’oubliez pas, lorsque vous achetez une place de concert, ce n’est pas uniquement les artistes qui sont sur scène que vous rémunérez, mais la production et toute son équipe, les chauffeureuses de camions et de tour bus, les technicien.ne.s qui montent et démontent le matériel, celleux qui assurent, son, images et lumières, le service de securité, celleux qui surveillent, celleux qui fouillent, celleux qui vous soignent, la location de la salle et tout son personnel, les accueillant.e.s, les ouvreureuses et les placeureuses, les équipes de nettoyages et j’en oublie tellement d’autres. Vous n’imaginez probablement pas le nombre de personnes qui travaillent dans l’ombre pour qu’un concert de ce type puisse avoir lieu. 

Restez zen, ouvrez votre cœur, entrez dans la bulle et accueillez le moment tel qui vous est offert, c’est la meilleure façon de franchir le pas de la transcendance et d’un autre monde. 🙏

Petit ajout du 23 novembre 2022 : Ma publication sur les réseaux sociaux en lien avec ce concert et avec de belles erreurs d’orthographe sur le mot égrégore… tout va bien ^^.

Retranscription des diapos :

Diapo 1 : Placebo + Jehnny Beth – Le Liberté – Rennes – 14 novembre 2022

Diapo 2 : Namaste les Dévoreureuses de Mondes,
Aujourd’hui, via un article, j’avais envie de nourrir un égrégore positif. Je lis beaucoup de commentaires négatifs sur l’attitude d’artistes sur scène. Et ce manque de respect me brise le cœur. Vous pouvez retrouver mon humble avis ici :https://bit.ly/3UWbogs
Mais en attendant, voici quelques réflexions…

Diapo 3 : À l’image de crocodiles à l’affût de leurs proies, certain.e.s fans décomplexé.e.s se lâchent dans des commentaires acerbes sur les réseaux. Pourtant…
Un.e artiste(ici musicien.ne) est un être humain comme un autre, iel ne vous doit rien, iel fait son métier de musicien.ne : Jouer de la musique.

Diapo 4 : La communication verbale articulée n’est pas la seule forme de communication, il suffit d’ouvrir son cœur pour accueillir l’être humain dans son intégralité et respecter son intégrité pour expérimenter ces formes de connexions avec l’autre.

Diapo 5 : En bon être humain, un.e artiste peut aussi avoir des soucis personnels et… the show must go on, parce que derrière sa performance, il y a une grosse machine à rémunérer. Faire preuve d’empathie et de compassion n’a jamais fait de mal à qui que ce soit.

Diapo 6 : Pour entrer en communion avec les zikos lors d’un concert, il faut aussi que le public y mette du sien, fasse un effort, et respecte celleux qui performent sur scène et je vous renvoie plus haut : Accueillir l’autre dans son intégralité et sans filtre.

Diapo 7 : Chacun a sa part à faire. Et le soutien est important pour tirer vers le haut l’énergie de la musique. Moi je visualise ça comme un portail vers un autre univers, accepter de franchir le sas, c’est entrer dans une autre dimension, plus grande et, comme le Tardis, cette dimension est plus grande à l’intérieur. 😊
(Il n’y a pas de smiley Tardis, et ça c’est nul)

Diapo 8 : Bref, tout ça pour dire que lundi soir, j’ai vu des artistes communiquer, chacun.e à leur façon avec le public et que la communion, la transcendance, est possible si le public y met un peu du sien. Pour moi, en tout cas, ça a fonctionné. Merci @placebo et Jehnny Beth pour ce que vous avez donné. 🙏🙏🙏

Diapo 9 : Ah oui, et une dernière chose : un concert avec peu de téléphones portables – je ne peux pas dire sans – c’est quand même vachement plus sympa.
Merci à vous de m’avoir lue.

Oct 8, 2022 - Coups de coeur, livres    1 Comment

Never let me go, Auprès de moi toujours, Placebo et Kazuo Ishiguro

Si vous me côtoyez, vous savez que, régulièrement, j’ai des lubies artistiques qui sont du genre monomaniaques, quitte à saouler mon entourage, même si je me contiens. Cette année, j’ai eu une phase Buffy, The Vampire Slayer qui a duré plus de deux mois, voire trois, d’ailleurs, j’en ai écrit un article que je n’ai jamais publié sur la censure des chaînes françaises, peut-être un jour… Mais ce n’est pas le sujet.
Puis, depuis le mois de juin, je suis retombée dans les bras accueillants (ou pas, c’est vous qui voyez) de Placebo.

Placebo, Never let me go

Never let me go, Placebo

J’avais mis de côté ce groupe au moment de leur quatrième album, Sleeping with ghosts parce que je ne me retrouvais plus dans leur musique ni dans l’arrogance de leur chanteur, alors j’ai mis de côté. Presque 20 ans… Pourtant, j’avais été bluffée par leur premier album éponyme, puis par Without you I’m nothing et Black market music m’avait bousculé par quelques titres extraordinaires. J’adorais leur côté hors norme, le jeu des genres, l’énergie de leur musique, leurs expérimentations, jusque l’année 2003.
Et en juin de cette année, je ne sais pas d’où c’est venu, j’ai ressenti comme un appel à réécouter leur musique. Oui, ça fait un peu mystique dit comme ça, mais je n’avais aucune raison de revenir vers eux à ce moment-là, je n’ai aucune explication. Dans ma tête, j’ai entendu leur musique, alors je me suis remise à écouter. J’avais besoin d’énergie pour sortir mon premier livre, La Légende de la Méduse, et leur musique me l’a offerte et continue de me l’offrir. Je pense que ce livre, celui qui arrive pour la fin de l’année et mon podcast créatif, le Jardin des Délices n’auraient jamais vu le jour sans cette pulsation énergétique.
Assez rapidement, j’ai appris que le groupe venait de sortir un nouvel album : Never let me go et j’ai été d’emblée conquise. Le groupe a évolué, et je me retrouve à nouveau dans leur choix musicaux et certains de leur textes. Cet album m’a littéralement avalée pendant plusieurs semaines. Il m’a scotchée, d’abord par sa richesse musicale, plutôt surprenante, mais aussi par ses textes singuliers, parfois complexes. Alors, aujourd’hui, Brian Molko prend moins la plume pour parler de sexe ou de drogues (quoique), oui, mais il aborde des sujets tout autant intéressants et qui me touchent particulièrement : l’éco-anxiété et le retour à la Terre (« Try better next time »), la surveillance accrue par les proches et moins proches, les médias, l’autorité… (« Surrounding by spies »), David Bowie, la mort et la violence policière (« Happy birthday in the sky »), le mal-être et l’envie de changer de vie, de disparaître (« The Prodigal », « Chemtrails », « Went Missing »)… Bref des choix d’actualité, pour quelqu’un qui se force à s’adapter à la vie dans une société occidentale bancale et malade et qui réveille l’éternelle question : pourquoi vouloir s’adapter à une société malade ? Qui est le plus malade ? Le marginal ou celui qui s’adapte à la société malade ?

Year Zero, Nine Inch Nails

Alors forcément, j’ai été envoûtée et je ne peux que vous conseiller de jeter une oreille attentive ne serait-ce qu’au morceau qui ouvre l’album, « Forever Chemical », à sa harpe (si je ne me trompe pas) distordue et à sa lourdeur indus. Clairement, à l’écoute de cet album, avec les clips, et le nouveau look du chanteur, j’ai eu une réminiscence de mes années Nine Inch Nails (« The perfect drug », pour le look et l’album concept Year Zero).
Véritable objet d’art, cet album a un artwork soigné, c’est d’autant plus rare de nos jours que ça mérite grandement d’être noté, et qui donne vraiment envie de posséder le disque. Et tout ça stimule mon esprit créatif et me donne envie de crier : « Art is resistance !« , comme toujours.

Kazuo Ishiguro, Auprès de moi toujours

Auprès de moi toujours, Kazuo Ishikuro

J’aime beaucoup les groupes qui poussent à la réflexion jusqu’à proposer des références littéraires (les livres, c’est ma vie, mon obsession, sans eux je ne suis rien). Donc, naturellement, en bonne curieuse qui se respecte, je vais creuser un peu et aller lire les références quand j’en ai l’occasion et surtout le temps. Là, j’avoue, le livre de Kazuo Ishiguro, Auprès de moi toujours…, m’a pris beaucoup plus de temps de lecture que prévu à cause d’un mois de septembre très chargé en réécriture. Pourtant, la lecture est d’une fluidité rare. Et j’adore les récits où la subtilité du fantastique (plutôt SF ici) vous emporte sans que vous ne vous en rendiez compte (mention spéciale à Mélanie Fazi dont les nouvelles fantastiques embrasent mon cœur et mon esprit à chaque lecture grâce à cette subtilité délicate, ainsi qu’au livre mémorable de Marlen Haushofer, Le Mur invisible). Mais nous embarquons d’abord, ici, dans une histoire d’amitié des plus réalistes que l’on suit par flashbacks. Les incursions dans le temps présent, laisse un goût amer qui ronge les entrailles. C’est plutôt étrange, parce que cette sensation est amenée par un seul mot : « don ». Là où on pourrait y voir quelque chose de débonnaire, il n’y a qu’illusion, douleur et sacrifice. On se doute, mais rien n’est expliqué avant la fin… Alors, je n’irai pas plus loin, je n’ai pas envie de vous gâcher le plaisir de la découverte via la lecture et le choc scénaristique. J’ai juste envie de parler de cette chanson qui hante le récit et qui a donné son nom à l’album de Placebo, « Never let me go », « Auprès de moi toujours » en français. Cette chanson entêtante. Celle qui vous rassure et que vous fredonnez pour vous réconforter. La chanson doudou. Elle devient presque un péché mignon qu’on se garde pour soi quand on est seul.e et dans laquelle on se love. On en a toustes de ces chansons-là. Elles n’ont pas besoin d’être extraordinairement originales, mais elle nous parle directement au cœur, cette énergie universelle qui nous traverse toustes. L’énergie la plus importante. L’énergie immuable.
J’ai mis tant de temps à lire ce livre qu’il m’a accompagnée comme un ami pendant plusieurs semaines et ses personnages me manquent. Il y avait longtemps que je n’avais pas eu le reading blues, tiens…
Et puis, cette chanson tisse un récit différent dans plusieurs esprits. Les protagonistes qui lui sont confrontés créent chacun une histoire différente en fonction des émotions liées à la chanson et c’est tellement merveilleux de pouvoir écrire un texte qui permet à chacun d’avoir sa propre rencontre avec les mots, avec son propre imaginaire. C’est un véritable aboutissement pour un parolier, je pense.

Art is resistance flag

Never let me go : le cri de tous les livres

Ce titre, « Never let me go », exprime autre chose pour moi qui suis depuis toujours fascinée par les livres. Il est lié à ma bibliothèque (certains parleront même de collection tant je les accumule et leur accorde d’importance dans ma vie). C’est le cri que je crois entendre dès que je fais du tri et plus particulièrement dès que j’essaie de vider ma bibliothèque. Chacun d’entre eux me hurle « Never let me go », traduction littérale : ne me laisse jamais partir. Comme s’ils avaient tous leur volonté propre et le désir de rester dans le carcan chaleureux de mes étagères. Auprès de moi toujours… Quand je me suis séparée de certains d’entre eux, je l’ai regretté. Et c’est le cri que moi je formule pour chacun d’entre eux. J’ai toujours dit qu’on m’enterrerait avec mes livres, les miens et ceux de ma bibliothèque. Ils sont mes compagnons, mes amis.
J’irai même encore plus loin en vous disant que ce cri, « Never let me go », est celui de toutes les créations (reconnues ou non), elles s’accrochent toutes aux doigts et au cœur de la personne qui lui a donné sa substance dans la matière pour l’offrir au monde. Tant d’heures passés pour lâcher prise… et let it go… l’offrir au monde.
Alors, elle ne nous appartient plus, elle est vôtre, elle est nôtre, elle est tout.

Art is resistance!

P.S. : Tu la sens poindre légèrement la fixette Nine Inch Nails, là ? 😀

Art is resistance

213. Le climat. Try better next time.

213. C’est le chiffre du jour.
213.
Je n’en reviens pas encore.

213 semaines que Greta Thunberg a commencé sa grève pour le climat*, qu’elle est sortie du système scolaire de son pays pour alerter la planète sur l’urgence climatique. Je hurle. À l’intérieur, je hurle. C’est comme ça que s’exprime ma souffrance et ma révolte, elle est représentée par un cri muet.

L’école n’est même pas un moyen de pression… 4 ans… fuck! Tant que ça ne touche pas l’économie, le pouvoir d’achat, ou sa petite personne, tout le monde s’en fout et ça me débecte. Je hurle en silence.

213 semaines, la liberté des uns s’arrêtent là où crèvent les autres.

Plus de 4 ans. Et j’ai l’impression que rien ne bouge là-haut. Oh pas dans les sphères célestes, il ne m’appartient pas de les juger, mais sur Terre, du côté de ceux qui siègent au sommet de la chaîne alimentaire (financière) et qui ne respire que le profit.

Je suis en colère. J’ai quelque chose en travers de la gorge qui m’étouffe depuis des semaines et des semaines et je n’arrive pas à mettre le doigt dessus. Je sais que je fais de l’éco-anxiété (en ce moment ça tourne plus au désespoir même), que je me terre régulièrement loin du monde pour ne pas subir les vagues de paniques diffusées par les médias, mais aussi celles de mon entourage, aussi positif se veut-il. Mais là, je n’en peux plus de lire les commentaires de ceux qui veulent profiter de la vie au dépend des autres. La liberté des uns s’arrêtent là où crèvent les autres (#fifa #worldcup2022 #qatar).

C’est exactement ce qui va se généraliser dans quelques années. Et n’allez pas vous focaliser sur 2050, même si la limite est proche. Étant donné l’été que nous avons eu en Europe (s’il n’y avait que l’Europe), on voit qu’on vit déjà dans ce réchauffement global. C’est déjà ce qui se passe.

Je vis en Brocéliande et même la forêt magique a partiellement brûlé pendant plusieurs jours. Où va-t-on quand la Bretagne, cette région soit-disant pluvieuse de France, se retrouve en vigilance sécheresse et voit ses arbres carboniser ? Et encore, nous ne sommes pas à plaindre. Les réfugiés climatiques ne devraient pas tarder à arriver. Si je vous dis que je suis en train d’essayer de me former pour pouvoir les accueillir, vous me croyez ?

213 semaines de grève pour le climat

Alors on pourra prétexter ce qu’on veut, le cycle de la Terre, celui du Soleil ou d’un autre astre sorti d’un chapeau de magicien ou du télescope James Webb (ses jolis clichés nous font tellement rêver d’un ailleurs utopique), mais dans le concret, il y a des gens qui meurent pour que d’autres puissent faire 3 fois le tour du globe en jet privé en 1 semaine (#bernardarnault – suivez le : https://twitter.com/laviondebernard) ou exploiter le sol de zones protégées (#total). Sans compter ceux qui brevettent les semences et les rendent stériles, comme nos sols (#bayer #mosanto). Est-ce que j’exagère ? Peut-être. Est-ce que j’ai des chiffres précis, je n’ai même pas envie de vérifier. Je sais qu’ils sont déjà bien au-delà de ce que j’exprime et pas parce que je suis catastrophiste, mais bien parce que je suis utopiste et espère chaque jour avoir ma dose de nouvelles qui illuminent ma vie et l’avenir.

Alors aujourd’hui, en voyant la photo hebdomadaire de Greta, j’ai compris. J’avais besoin de l’ouvrir, de ne plus contenir cette colère, mais de la laisser s’exprimer. Je ne suis pourtant pas une adepte des coups de gueule, j’aime plutôt les coups de foudre, plus bienveillants à mon âme compassionnelle. Mais j’ai juste envie de hurler ma souffrance, celle qui m’étrangle depuis des semaines et que j’essaie d’étouffer tant bien que mal. Et si ça vous dérange, tant pis. J’ai besoin d’extirper ce mal-être de ma gorge. Et vous n’êtes pas obligé de me lire.

La perfection n’existe pas

Tic tac, l’horloge tourne. L’anthropocène, ou comment l’être humain fait dégénérer le monde. Et chacun, avec ses gestes de colibris peut faire avancer l’horloge du climat dans le bon sens. Vous savez très bien quels sont ces gestes qu’on rechigne tous à faire, parce que c’est long et chiant : l’huile de palme, le soja pour nourrir les bestiaux qui vous (pas moi) nourriront (sans parler de la souffrance animale associée), le plastique, les déchets, les balades en avion, les balades en jet, le fast tourism, la fast fashion, la climatisation de stades dans une région désertique et caniculaire… pour ne citer qu’une partie de ce qui nous consume tous. On marche sur la tête et on va direct dans le mur.

Moi aussi, j’ai des progrès à faire, je le sais. Comme chacun d’entre nous. Personne n’est parfait. Mais comme le faisait remarquer il n’y a pas si longtemps encore Camille Étienne (@grainedepossible) « nous n’avons pas le temps d’être parfaits ! » Alors agissons, chacun à notre niveau, on peut tous faire quelque chose. Alors toi, oui toi, va ramasser les déchets qui volent sur ton trottoir, c’est encore la tâche la plus facile à faire entre toutes, tu éviteras peut-être à une tortue de se coincer les pattes dans un morceau de plastique.

213 semaines… Je rêve d’utopie : Try better next time.

Je rêve d’un monde respectueux. D’un retour à la terre. D’une vie naïve comme les peuples premiers. D’une vraie relation avec le Vivant. Respectueuse, bienveillante. Nous sommes une partie du Vivant. J’aime à m’imaginer plongeant mes mains dans les entrailles de la Terre et ressentant son cœur battre à la place du mien. Serais-je moins en colère ? Serais-je encore plus résiliente ? Qu’éprouverais-je devant mon hôte destructeur ?

Je rêve d’utopie. Je rêve de douceur et de bienveillance. Je rêve d’humanité (merci au planning familial pour sa belle campagne inclusive). Je rêve d’acceptation, de tolérance, de respect et de compassion.

Alors oui, il se peut qu’un jour, il nous pousse des nageoires et qu’on se retrouve à un endroit, loin d’ici, au milieu de l’océan.** Retour aux origines, dans le ventre de la Mère-Terre, Gaïa. On remet les pendules à zéro et on recommence, parce que, dans son immense mansuétude, elle nous aura accordé une seconde chance. On aura appris de nos erreurs et on formera un peuple soudé qui respecte ses scientifiques et ses lanceur.euse.s d’alerte. Un peuple d’amour dont le cri puissant et bienveillant raisonne l’être humain et le façonne à son image. Un peuple qui respecte le Vivant.

Oui, on fera mieux la prochaine fois**. C’est sûr, on fera mieux.

Pour ma part, je retourne à mes utopies, à mes histoires de dragons et d’enfant-double ainsi qu’à mon jardin (qu’il soit des délices ou riche en fruits et légumes).

Prenez soin de vous.

* School strike for climate, Skolsrejk för Klimatet – Merci Greta pour ton engagement incroyable qui me pousse à l’admiration.

** Texte librement adapté de la chanson « Try better next time » du groupe Placebo.
« There’s a spot in the ocean, that’s where we’ll meet,
Somewhere faraway where fish can nibble at our feet.
And we can grow fins, go back in the water,
Grow fins, go back in the water… »
« Try better next time », Never let me go, Placebo, 2022.