Nov 15, 2022 - Coups de coeur    No Comments

Placebo + Jehnny Beth – Le Liberté – Rennes – 14 novembre 2022

Namaste les Dévoreureuses de Mondes, 

Vous n’aurez pas de photos. J’ai décidé de respecter la volonté des artistes et de passer le concert à profiter de l’instant, de la musique, des émotions, des énergies puissantes générées par la communion, le partage, la transcendance. 

On a oublié comment on profitait de la musique il y a vingt ans et c’était la meilleure des façons : essayer de porter les artistes pour qu’ils puissent donner le meilleur d’elleux-mêmes. Elle est là la réalité de l’échange entre celleux qui sont sur scène et celleux qui les acclament, elleux aussi ont parfois besoin d’être tenu.e.s par la main, d’être soutenu.e.s, pour s’élever, pour pouvoir faire face à un public exigeant, pour pouvoir donner le meilleur d’elleux-mêmes, pour pouvoir faire leur métier avec passion et illuminer vos yeux, vos vies.

Et j’avoue que j’ai pris un vrai plaisir à assister à un concert avec très peu de téléphones. Et c’est une ancienne photographe de concert qui vous parle…

Jehnny Beth, la fureur de vivre

Le Liberté n’était clairement pas prêt pour Jehnny Beth…

Jouant avec les sonorités indus à la Nine Inch Nails (pas étonnant, l’animatrice d’Arte a bossé sur son premier album avec Atticus Ross, collaborateur de Trent Reznor), le trio a dû aller chercher le public pour en soulever un semblant de clameur. La meneuse, Jehnny Beth, fait pourtant le taff : sensuelle, charismatique et dynamique, elle n’a pas peur de rentrer en contact avec le public en grimpant sur les barrières pour être au plus de près de la chaleur humaine. 

Personnellement, j’avais écouté sur YouTube, je n’étais pas emballée (chacun ses goûts), mais le personnage m’ayant intriguée je suis aller fouiller et me suis abonnée sur les réseaux. J’ai été envoûtée par sa douceur et sa culture underground et j’ai finalement eu hâte de la voir sur scène. J’ai été conquise, elle m’a donné ma dose d’indus, et ça faisait longtemps que je n’avais pas reçu un bon gros son. La suite de la soirée n’allait pas me décevoir niveau gros son.

Merci à Jehnny Beth pour cette percutante ouverture. 

Placebo, la parfaite transcendance 

Alors que les techniciens s’affairent sur scène pour préparer le plateau, J’entends de la musique et des mantras récités. Je cherche d’où provient le son et je suis incapable de savoir si les mantras viennent du public ou des enceintes. Ou de ma tête… 😆 Moi j’aime les mantras (en particulier l’un d’entre eux), alors je me sens à ma place, je m’apaise et je souris. Je sens que je vais voyager.

Parce qu’à l’origine, c’était pas gagné. J’étais sceptique. Comme dit dans un autre article, j’avais arrêté d’écouter Placebo aux alentours des années 2003. Je ne m’y retrouvais plus. Et je dois dire que je me suis réconciliée avec le groupe dès le premier morceau. Exit l’arrogance des débuts, je retrouve un groupe qui s’est épanoui dans sa plume, sa musique et son attitude et c’est très touchant.

Une belle complicité lie les membres du groupe (le duo Brian Molko et Stefan Olsdal d’une part, mais également les musiciens qui les accompagnent : Angela Chan, William Lloyd, Nicolas Gavrilovic, Matt Lunn). 

Le son est puissant, la batterie tabasse, la musique ensorcèle (oui, en digne résidente de Brocéliande, il faut bien que je saupoudre de la magie quelque part), et l’énergie envoyée est profonde, transcendantale.

Les sourires illuminent le visage des musiciens, il y a un vrai plaisir à retrouver la scène et ça se sent. La crise Covid intensifie sans doute le plaisir. 

Les britanniques occupent également l’espace et vont chercher le public. Pas besoin de mots, les gestes sont éloquents et seule la musique suffit. À celleux qui reprochent à Brian Molko de ne pas parler, je répondrai : « il est là pour vous faire voyager avec sa musique, pas avec ses interventions entre les morceaux ». Il est probablement là le message que transmet aujourd’hui le groupe Placebo : la musique seule suffit. 

La communication, la communion passent également par les gestes, les émotions et l’énergie, il suffit de s’ouvrir, d’observer le monde d’un regard différent pour accepter qu’on peut communier en fermant les yeux et en se fondant à l’instant. 

Parler, c’est parfois uniquement flatter l’ego du public et ils ne sont pas là pour ça.

Les paroles deviennent vaines, là ne réside pas l’esSENStiel, la racine de l’art, l’essence de la création. 

Retrouver l’ESSENCE de la musique, je pense que c’est exactement ce que Brian Molko et Stefan Olsdal, accompagnés de leurs acolytes, ont fait ce lundi soir au Liberté, à Rennes. 

Ils m’ont enchantée, je n’ai plus qu’à retrouver Merlin dans ma forêt pour continuer le voyage. 

« Soyez digne d’un don, pas dingue d’un dû. » Maëster 

Aujourd’hui, j’avais envie de nourrir un egregor positif plutôt que de laisser s’exprimer de façon décomplexée l’ego d’un public exigeant la soumission totale de l’artiste – je visualise bien des crocodiles à l’affût de leurs proies. Je trouve les critiques haineuses, égoïstes de plus en plus fréquentes et elles me déchirent le cœur. 

Non, les artistes ne vous doivent pas tout. Ils ne sont pas là non plus pour satisfaire chacun des egos présents dans la salle ou l’assistance. C’est fondamentalement impossible. 

Non, les artistes ne vous appartiennent pas. Jusqu’à preuve du contraire, ils sont encore libres de choisir ce qu’ils veulent vous transmettre. 

Non, les artistes n’ont pas besoin d’utiliser la communication verbale ou la parole articulée pour exprimer des émotions et entrer en communion avec leur public. 

Fermer les yeux,  profiter du moment, être ensemble. Accepter de voguer vers un ailleurs, un autre monde l’espace d’un instant. 

Oui, les artistes ont le droit d’être eux-mêmes sur scène sans avoir besoin de prononcer un mot à leur public, ils peuvent tourner le dos à l’audience, cacher leurs émotions, ou encore avoir perdu un proche, être malade et assurer quand même le show du soir… vous ne savez rien de leur vie. 

C’est au public d’être humble, de respecter sa place et de se souvenir qu’un artiste est un être humain que l’on doit respecter et qui vous donne de son temps, de son énergie, de son physique.

En concert, la musique seule devrait suffire… 

Et n’oubliez pas, lorsque vous achetez une place de concert, ce n’est pas uniquement les artistes qui sont sur scène que vous rémunérez, mais la production et toute son équipe, les chauffeureuses de camions et de tour bus, les technicien.ne.s qui montent et démontent le matériel, celleux qui assurent, son, images et lumières, le service de securité, celleux qui surveillent, celleux qui fouillent, celleux qui vous soignent, la location de la salle et tout son personnel, les accueillant.e.s, les ouvreureuses et les placeureuses, les équipes de nettoyages et j’en oublie tellement d’autres. Vous n’imaginez probablement pas le nombre de personnes qui travaillent dans l’ombre pour qu’un concert de ce type puisse avoir lieu. 

Restez zen, ouvrez votre cœur, entrez dans la bulle et accueillez le moment tel qui vous est offert, c’est la meilleure façon de franchir le pas de la transcendance et d’un autre monde. 🙏

Petit ajout du 23 novembre 2022 : Ma publication sur les réseaux sociaux en lien avec ce concert et avec de belles erreurs d’orthographe sur le mot égrégore… tout va bien ^^.

Retranscription des diapos :

Diapo 1 : Placebo + Jehnny Beth – Le Liberté – Rennes – 14 novembre 2022

Diapo 2 : Namaste les Dévoreureuses de Mondes,
Aujourd’hui, via un article, j’avais envie de nourrir un égrégore positif. Je lis beaucoup de commentaires négatifs sur l’attitude d’artistes sur scène. Et ce manque de respect me brise le cœur. Vous pouvez retrouver mon humble avis ici :https://bit.ly/3UWbogs
Mais en attendant, voici quelques réflexions…

Diapo 3 : À l’image de crocodiles à l’affût de leurs proies, certain.e.s fans décomplexé.e.s se lâchent dans des commentaires acerbes sur les réseaux. Pourtant…
Un.e artiste(ici musicien.ne) est un être humain comme un autre, iel ne vous doit rien, iel fait son métier de musicien.ne : Jouer de la musique.

Diapo 4 : La communication verbale articulée n’est pas la seule forme de communication, il suffit d’ouvrir son cœur pour accueillir l’être humain dans son intégralité et respecter son intégrité pour expérimenter ces formes de connexions avec l’autre.

Diapo 5 : En bon être humain, un.e artiste peut aussi avoir des soucis personnels et… the show must go on, parce que derrière sa performance, il y a une grosse machine à rémunérer. Faire preuve d’empathie et de compassion n’a jamais fait de mal à qui que ce soit.

Diapo 6 : Pour entrer en communion avec les zikos lors d’un concert, il faut aussi que le public y mette du sien, fasse un effort, et respecte celleux qui performent sur scène et je vous renvoie plus haut : Accueillir l’autre dans son intégralité et sans filtre.

Diapo 7 : Chacun a sa part à faire. Et le soutien est important pour tirer vers le haut l’énergie de la musique. Moi je visualise ça comme un portail vers un autre univers, accepter de franchir le sas, c’est entrer dans une autre dimension, plus grande et, comme le Tardis, cette dimension est plus grande à l’intérieur. 😊
(Il n’y a pas de smiley Tardis, et ça c’est nul)

Diapo 8 : Bref, tout ça pour dire que lundi soir, j’ai vu des artistes communiquer, chacun.e à leur façon avec le public et que la communion, la transcendance, est possible si le public y met un peu du sien. Pour moi, en tout cas, ça a fonctionné. Merci @placebo et Jehnny Beth pour ce que vous avez donné. 🙏🙏🙏

Diapo 9 : Ah oui, et une dernière chose : un concert avec peu de téléphones portables – je ne peux pas dire sans – c’est quand même vachement plus sympa.
Merci à vous de m’avoir lue.

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